La Chine a tenu en émoi le monde entier durant deux semaines. L'empire du Milieu a donc battu tous les records à l'occasion de ces 29èmes jeux Olympiques d'été. Non seulement en termes de médailles d'or, où les Chinois ont créé presque une surprise en cassant le monopole américain, mais aussi, et surtout, sur le plan organisationnel. Il est vrai que l'admiration suscitée par la cérémonie d'ouverture a été atténuée quelque peu par cette polémique bien chinoise selon laquelle certaines scènes ont été exagérées, à l'image de cette jeune chanteuse remplacée ou la séance des feux d'artifice réenregistrée. Mais cela ne change en rien le génie chinois tout aussi imaginatif que créatif. Les belles images montrées au monde entier le jour de l'ouverture ont donc donné des sueurs froides aux Anglais, eux qui vont organiser les prochaines joutes en 2012. Impressionné, Gordon Brown, le Premier Ministre britannique, est allé à Pékin pour rencontrer les autorités chinoises et faire «les passations de consignes». «Les jeux Olympiques de Pékin ont su frapper l'imagination du monde entier», a-t-il déclaré avec enthousiasme. Tout au long des Jeux, les Chinois ont montré de plus en plus leur perspicacité. En dehors de l'incident ayant émaillé la première journée, lorsqu'un Pékinois a mortellement poignardé un Américain avant de se donner la mort, aucun vrai faux pas n'est à mettre sur le dos du comité d'organisation. Que ce soit dans le village olympique ou tout simplement dans le centre-ville, les athlètes et les délégations qui les ont accompagnés semblent être plus que satisfaits. Tant la Chine accueillante a fait plus qu'il n'en fallait pour mettre tout le monde à l'aise. «Trop beau pour être vrai», diront, cependant, certains. Et les grimaces commencent à se faire voir. En pleins Jeux. Avant même que l'heure des bilans ne sonnent. Ainsi, on a déjà spéculé sur l'arbitrage. Des allégations, malheureusement, parfois vérifiées, à l'image de cette disqualification du boxeur algérien, Benchebla devant un Chinois par la grâce d'un corps arbitrage complètement partial. La performance des gymnastes chinoises fait aussi grincer des dents. Le Comité olympique est même contraint d'ouvrir une enquête sur l'âge des jeunes chinoises dont les résultats dépassent tous les pronostics. Mais ce ne sont, en réalité, que de petites fausses notes. De légers nuages dans un ciel chinois aussi radieux qu'éclatant. Parce que cela fait un siècle que le pays de Mao se prépare, sinon rêve, à organiser la plus grande manifestation du monde. Un siècle que les Chinois veulent démontrer que non seulement ils peuvent faire quelque chose, mais qu'ils peuvent le faire sérieusement et très bien. C'est-à-dire à la limite de la perfection. En cette année 2008, les Chinois ont donc fait ce qu'ils avaient fait il y a des milliers d'années lorsqu'ils avaient inventé le papier ou lorsqu'ils avaient montré à l'humanité que l'homme peut écrire avec une machine. Et ce sont encore les Chinois qui ont construit la muraille de Chine. En ce siècle des technologies, les Chinois ont démontré qu'ils vivent leur siècle malgré les exigences d'un monde occidental qui, non seulement les désigne du doigt, mais les épingle et les congédie. Bien sûr que, lors de la cérémonie de clôture, qui se déroule aujourd'hui, le monde verra d'autres fresques aussi belles que celles de la cérémonie d'ouverture. Bien sûr, aussi, qu'on entendra des voix pas tout à fait contentes, ou probablement jalouses, qui vont trouver des failles. Des failles que peut commettre tout être humain. Cela dit, il faut être objectif et reconnaître que les Chinois étaient à la hauteur. Il sera difficile aux Anglais de faire, pas forcément autant, mais mieux. Mais d'ici à quatre ans, le monde aura changé de visage. Les Chinois aussi. A. B.