Photo : Riad De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Il est loin ce temps où les campus universitaires constituaient un rempart où l'apprentissage des valeurs du militantisme, du savoir et de la connaissance était une devise innée. Aujourd'hui, les cités universitaires ne permettent plus à l'étudiant d'acquérir des connaissances supplémentaires ou encore de consolider son savoir. Les résidences universitaires ne constituent même plus un lieu où peut se reposer l'étudiant après une dure journée de labeur.En effet, la réalisation des cités universitaires ne semble obéir à aucun critère et les travaux de réalisation ne font l'objet d'aucun suivi rigoureux de la part des responsables du secteur. Le cas des résidences faisant partie du pôle universitaire de Belgaid, nouvellement inaugurées, recèle des centaines de cas d'imperfections. Dans un communiqué adressé à notre rédaction, l'Ugel met le doigt sur ces imperfections dans la réalisation des cités universitaires. Le communiqué fait état de fissurations, d'écoulement des eaux usées à travers les murs des immeubles et pavillons des cités, des conduites d'égout déjà bouchées, des odeurs nauséabondes se dégageant des toilettes des pavillons à cause de la défection de la plomberie, etc. Les organisations estudiantines s'interrogent sur la responsabilité des uns et des autres dans la réception de ces travaux d'une qualité douteuse et flagrante.Ces points noirs ne sont pas propres à cette cité universitaire. Ils constituent le lot commun des autres résidences de la wilaya. Les éternelles imperfections et autres défauts de réalisation dans d'autres cités obligent leurs directeurs à lancer, à longueur d'année, des opérations de replâtrage et de réaménagement onéreux. «Le directeur général de l'Onou est au courant de toutes ces anomalies. Pourquoi ne bouge-il pas ? Qu'est-ce qu'il attend pour réagir ? Nous lui avons transmis, à plusieurs reprises, des documents compromettants au sujet de la gestion du secteur dans notre wilaya et il n'a pas réagi jusqu'à maintenant», s'interrogent des organisations comme l'UNEA et l'ONEA. Plusieurs hauts fonctionnaires et cadres des œuvres universitaires ont été entendus par la brigade économique et financière d'Oran au cours de ces huit derniers mois au sujet d'une sale affaire, remise au goût du jour grâce à un ancien directeur de cité intègre. Ce dernier a dévoilé un trafic à grande échelle dans une cité universitaire, notamment pour ce qui est de l'approvisionnement du restaurant et de certaines opérations de réaménagement confiées à un travailleur du secteur. Ce dernier est revenu dans une autre cité, nouvellement ouverte et à sa tête l'un des principaux acteurs dans cette affaire de détournement de deniers publics. Suspendu pendant des mois, il reviendra à la tête d'une nouvelle cité universitaire avec, en prime, le lancement de travaux confiés au même travailleur-entrepreneur. Un collectif de journalistes locaux en collaboration avec la Direction des œuvres universitaires n'a pas permis de lever le voile sur ce volet. A peine s'il a contribué à faire de la publicité aux responsables concernés qui se sont targués d'être à l'écoute de ces préoccupations et en mesure de rétablir la situation. Seulement, dans la réalité, les choses sont diamétralement opposées. Pourtant, annuellement ce sont des milliards qui sont engrangés dans la réalisation de stades et de salles de sport, de salles de lecture vides, etc. Les salles d'Internet sont cédées à des privés à travers des locations douteuses, les salles de lecture ne sont pourvues d'aucun ouvrage digne de ce nom et les stades sont, dans leur majeure partie, non utilisables par les étudiants en l'absence de programmes coordonnés et mûrement réfléchis. Les campus universitaires ne servent qu'à des activités politiques et partisanes qui restent le fait de certaines organisations estudiantines «politisées». Ainsi, les directeurs de cité ont la paix. Cela, en attendant mieux.