Comme attendu, le parti au pouvoir est assuré d'une large victoire, l'opposition égyptienne crie à la fraude, le scrutin s'est déroulé dans un climat de violence. Et comme attendu aussi, dans ce genre de scrutin dans les pays du tiers- monde où l'élection n'a de démocratique que la façade, la commission électorale installée par le pouvoir en place a déclaré que l'élection avait été équitable et que les résultats nationaux seraient annoncés demain. Les reporters de presse sur place ont rapporté que de nombreux électeurs ont été refoulés sous divers prétextes. Même constat relevé par des groupes de défense des droits de l'Homme et des militants d'opposition. Dans d'autres bureaux, relève-t-on encore, les électeurs ont constaté que les urnes étaient pleines à ras bord quelques minutes seulement après l'ouverture des bureaux de vote. Le porte-parole de la commission électorale nationale, Sameh el Kashef, a, naturellement, minimisé tous ces incidents. «Les plaintes que nous avons reçues jusqu'ici ne sont pas sérieuses et ne remettent pas en cause le processus qui se déroule en douceur», a-t-il assuré. Dès dimanche, les observateurs indépendants égyptiens avaient dénoncé de nombreuses fraudes et violences au cours des opérations de vote à travers le pays, qui mettent gravement en cause la régularité du scrutin. Il a promis que les incidents rapportés lors des opérations de vote feraient l'objet d'une enquête, mais qu'en tout état de cause «ils n'avaient pas affecté la conduite générale et l'intégrité des élections». Le dépouillement du premier tour était en cours hier, pour des résultats qui doivent être annoncés aujourd'hui, selon des sources officielles. Trois personnes, et non quatre comme annoncé auparavant, ont été tuées et une trentaine ont été blessées lors des violences pendant la campagne électorale, selon l'organisation égyptienne des droits de l'Homme. En 2005, il y avait eu 14 morts. Le PND du président Hosni Moubarak est au pouvoir depuis près de trente ans et sa victoire ne fait aucun doute. Ces dernières semaines, les arrestations se sont multipliées dans les milieux d'opposition. En 2005, la participation officielle avait été de 22% seulement. Selon des groupes de défense des droits de l'Homme, elle n'avait même pas dépassé les 12%. Le gouvernement égyptien avait, rappelons-le, rejeté l'idée avancée par les Etats-Unis d'autoriser la présence d'observateurs internationaux dans les bureaux de vote. Le second tour aura lieu le 5 décembre dans les circonscriptions où aucun candidat n'aura atteint 50% des voix. Les électeurs égyptiens doivent désigner 508 élus, dont 64 femmes. Ce scrutin devrait fournir un avant-goût de la présidentielle de l'année prochaine pour laquelle Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981 sans interruption, ne s'est pas encore déclaré candidat. S'il renonçait à briguer un nouveau mandat, le chef de l'Etat égyptien, opéré en mars dernier, pourrait, vraisemblablement, laisser le pouvoir à son fils Gamal, âgé de 46 ans. G. H.