Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Inscrire son enfant dans une garderie fait partie d'un rêve, même des femmes au foyer qui veulent faire profiter leur progéniture des avantages de tels établissements qui s'inscrivent dans la lignée du préscolaire pour la réussite du cursus éducatif à venir. De plus, il faut croire que c'est la mode. Ce sont des habitudes qui se sont greffées au gré des chamboulements sociaux apparus ces dernières années au sein de la société, encouragés notamment par une caste de petits hommes d'affaires qui ont investi ce créneau en force faisant fi des règlements et des lois et versant dans l'économie parallèle, seul mode de rente possible et rentable. Pour les femmes actives, se séparer de son (ses) enfant(s) cinq jours sur sept durant les horaires de bureau devient plus qu'indispensable au risque de jouer avec leur gagne-pain. Un dilemme, un casse-tête. Mais dans le milieu des crèches et garderies, il est difficile de trouver son compte, essentiellement en raison du flou qui entoure les conditions de création et d'activité de ces établissements très demandés mais qui sont tellement sensibles qu'ils ne peuvent être mis dans les mains du premier venu. Officiellement, la wilaya de Tizi Ouzou compterait une centaine de crèches et de garderies qui reçoivent environ trois mille enfants et qui sont localisées de façon inéquitable sur les 67 communes. La majorité d'entre elles se trouvent au chef-lieu de wilaya. «Comme c'est une activité lucrative à souhait, beaucoup de gens sans aucune qualification dans les domaines exigés par les textes de loi s'adonnent à cette activité dans l'illégalité et l'anarchie, se souciant très peu des retombées négatives sur les enfants», affirme un retraité de l'éducation dont le petit-fils «est à la solde d'un personnel pas du tout formé pour cela, et faisant office d'éducatrices pour un prix pas donné de 3 500 DA le mois». Dans son quartier de la ville de Tizi Ouzou, il décrit l'aménagement de la crèche comme un «danger» pour la sécurité des bambins parce que leur évacuation en cas d'incendie par exemple ne sera pas facile. «Du point de vue de la loi, pour monter une crèche, il faut être diplômé en psychopédagogie, en psychologie, médecine, être infirmier, sage-femme, enseignant, etc. pour avoir droit à une autorisation et satisfaire aux conditions du cahier des charges avec l'aval des directions de wilaya concernées, mais la réalité est tout autre», regrette Aldjia, une mère de famille qui a abandonné son projet d'ouvrir une crèche au chef-lieu pour des «raisons de bureaucratie et la nature des activités pédagogiques dispensées aux chérubins». Le programme de la wilaya de Tizi Ouzou du début des années 2000 de réaliser une trentaine de crèches communales (publiques), sur le fonds commun des collectivités locales (FCCL) pour un budget d'environ 200 millions de DA l'a aussi dissuadée craignant «la concurrence déloyale». Dans ce sens, il faut signaler que beaucoup de communes de la wilaya de Tizi Ouzou ont préféré céder les nouvelles structures à des particuliers. Cette solution n'a pas été adoptée vu le non-consentement d'élus et d'une frange de la population qui défend le caractère public de ces établissements. Même si elles sont ouvertes à l'exploitation libre du privé, les propriétaires des crèches observent un certain monopole sur le créneau, qui ne dit pas son nom, au grand dam des mamans qui n'ont d'autre choix que d'envoyer leurs petits dans ces établissements pour pouvoir continuer à travailler.