Les Etats-Unis se sont alliés avec plus de 60 pays et organisations internationales pour combattre la piraterie au large des côtes somaliennes, un fléau qui a «un effet terrible» sur le développement, la paix, la sécurité et la stabilité de l'Afrique de l'Est. C'est ce qu'a déclaré Mme Donna Hopkins, coordonnatrice au département d'Etat des questions relatives à la lutte contre la piraterie et à la sécurité maritime, lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière à Washington.La piraterie est de nos jours une affaire d'escroquerie, de rapts et de prises d'otages en échange de rançons, a-t-elle affirmé. «Il s'agit d'un délit méprisable qui nuit, bien sûr, aux victimes mais aussi au secteur des transports maritimes dont les tarifs d'assurance en subissent les conséquences et dont les navires et cargos sont séquestrés contre des rançons importantes», dira-t-elle. Selon l'Organisation maritime internationale, au moins 114 des 325 actes de piraterie signalés en 2010 ont eu lieu au large des côtes de l'Afrique de l'Est. La piraterie est un crime en droit pénal international, ce qui signifie que ses auteurs peuvent être jugés par les tribunaux de n'importe quel pays. Mais un grand nombre d'Etats dont les navires sont attaqués par des pirates sont réticents à les traduire devant leurs tribunaux. «Une difficulté pratique des poursuites en justice est de savoir ce que vous ferez des personnes reconnues coupables ; où purgeront-elles leurs peines, et qu'en faites-vous une fois qu'elles sont remises en liberté ?» dira Mme Hopkins. Bien que la piraterie au large de la Somalie soit un problème de longue date, beaucoup de pays n'envisagent pas d'y renvoyer les pirates qu'ils arrêtent en raison de la situation dans ce pays «où règnent l'instabilité et l'insécurité, et des conditions dangereuses et inhumaines». C'est pourquoi certains pays craignent qu'en traduisant les pirates devant leurs tribunaux, ils ne finissent par hériter de criminels qui, un jour, chercheront à obtenir l'asile politique, a souligné Mme Hopkins. «Ils seraient de facto des personnes en asile, parce que politiquement ils ne pourraient pas être rapatriés en Somalie», a-t-elle dit. Cependant, malgré de telles préoccupations, les Etats-Unis sont «prêts et aptes à juger les pirates capturés au large de la Somalie». «Nous sommes déterminés à mettre fin à l'impunité des pirates», a-t-elle affirmé, ajoutant que les Pays-Bas, la France et l'Allemagne ont aussi commencé à juger des pirates devant leurs tribunaux. En outre, des organisations internationales, telles les Nations unies, ont entamé la coordination des efforts contre la piraterie. Mme Hopkins a indiqué que l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime construit actuellement deux prisons où les pirates reconnus coupables purgeront leurs peines, l'une au Somaliland et l'autre au Puntland. «Le personnel sera embauché localement. Il sera formé, surveillé et supervisé par des membres de l'ONU. Et une fois que les prisons seront prêtes et certifiées conformes aux normes des Nations unies, les pirates reconnus coupables pourront y être envoyés pour purger leurs peines.» Mme Hopkins ajoutera que l'ONU cherchait aussi à développer l'infrastructure judiciaire somalienne.Par ailleurs, elle a fait l'éloge des travaux du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, formé en janvier 2009 et qui «réunit un ensemble sans précédent de pays». Elle a ajouté que les membres du forum sur le partage des informations et la prévention des interférences, baptisé Shared Awareness and Deconfliction (SHADE) et co-parrainé par l'Union européenne et la coalition des forces maritimes, déployaient «des efforts internationaux remarquables» pour mettre fin au problème de la piraterie. «Peut-on imaginer un autre forum qui réunisse l'OTAN, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Union européenne, l'Indonésie, la Thaïlande et Singapour pour qu'ils coordonnent leurs efforts afin de fonctionner comme une force navale unique ?» a demandé Mme Hopkins. APO Source : Département d'Etat américain