Invité hier du forum d'El Moudjahid, M. Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire, a présenté un exposé sur les avancées enregistrées dans la gestion des prisons suite à la réforme pénitentiaire initiée dans le sillage de la réforme globale de la justice. Beaucoup de chiffres ont été ainsi donnés par ce responsable qui a assuré qu'une appréciable augmentation est enregistrée d'année en année en ce qui concerne la formation des détenus. Selon lui, le nombre de prisonniers enregistrés dans la section d'alphabétisation dépasse les 4 500, alors que celui des candidats au baccalauréat a atteint 1 915. Il a également fait du nombre de spécialités de la formation professionnelle passé de 28 à 80 en 2010 avec 2 500 inscrits. Ces derniers, comme il l'explique, bénéficient de formation dans des métiers (à titre d'exemple la plomberie) qui offrent la possibilité aux ex-détenus, une fois la peine d'emprisonnement purgée de travailler à leur compte. Le directeur général de l'administration pénitentiaire est ensuite revenu en détail sur les différents programmes de réinsertion, assurant que plus de 6 200 détenus en ont bénéficié. Evoquant les nouvelles structures de détention réalisées ou en cours de réalisation, il annonce qu'elles répondent aux normes internationales et offrent une superficie de 9 m2 par détenu. L'une des plus importantes annonces faites par M. Felioune concerne les services d'orientation et d'aide aux ex-détenus, dont 5 sont opérationnels et «18 en cours d'installation». Ces services «orientent l'ex-détenu, l'aident à trouver du travail, font les démarches administratives à sa place […]», explique-t-il. Questionné sur les contrats avec des entreprises afin que d'ex-détenus puissent être réinsérés, M. Felioune parlera d'une aide psychologique mais aussi des conventions signées avec le ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et celui de la Solidarité. Mais la question qui s'impose est celle de savoir si réellement ces services d'orientations et d'aide réussiront à assurer un emploi aux ex-détenus à un moment où la demande est importante en Algérie et que le taux de chômage reste élevé. Selon les autres chiffres avancés par le directeur général de l'administration pénitentiaire, les avancés enregistrées sont appréciables mais en regardant de près les taux des détenus en formation ou étudiants cela reste insuffisant. Sur une population carcérale de 55 500, 6 200 prisonniers ont bénéficié des programmes de réinsertion, ce qui représente 11,7%. Ce taux est encore plus bas pour les détenus qui suivent des études ou une formation. D'ailleurs, quelque 40,20% des détenus sont récidivistes. Ce qui est énorme même si ce taux est en régression par rapport aux années précédentes. Quant à la promiscuité dans les prisons, elle reste effective. Si l'invité du forum d'El Moudjahid n'a pas donné le taux d'occupation, il a néanmoins reconnu que le détenu ne bénéficie actuellement dans les anciennes prisons que de «2 ou 3 m2 comme espace». La proximité, la délinquance et la perversité provoquent souvent des agressions sexuelles dans les prisons. Ces cas «sont légion», selon des témoignages d'ex-détenus. Questionné sur les moyens mis en place afin d'éviter ce genre de pratique, M. Felioune a affirmé que «des cas d'agression sexuelle sont rares et isolés». «La législation prévoit une visite mensuelle du juge d'instruction ou du juge des mineurs comme elle prévoit une visite bimestriel du procureur aux prisons», a-t-il ajouté. En ce qui concerne l'exigence du casier judiciaire, qui demeure toujours un obstacle au recrutement d'un repris de justice, M. Felioune a affirmé que la commission juridique du ministère de la Justice s'est penchée sur la question et elle présentera incessamment des propositions pour la révision de certains textes de loi, notamment la loi de 1972 régissant l'utilisation du casier judiciaire, la loi sur la concurrence commerciale et le code de procédure pénale. Enfin, en réponse aux questions posées par Me Chorfi, invité à ce débat, M. Felioune indiquera que 800 condamnés ont bénéficié de la peine de substitution, nouvellement introduite dans le code pénale et qui prévoit l'accomplissement de travaux d'intérêt général à la place de l'emprisonnement. Il donnera le taux de 11,5% de prisonniers dans le cadre de la détention préventive. Ce qui représente plus de 6 000 personnes ! H. Y.