C'est la casse systématique. Pour la troisième journée consécutive, des bandes de jeunes en furie ont poursuivi leur «œuvre» de démolition des biens publics dans plusieurs localités de la wilaya. Aucun mot d'ordre n'est scandé et aucune banderole n'a été brandie pour exprimer une quelconque revendication. A l'origine, ces «émeutes» qui ont éclaté dans les quartiers périphériques d'Alger, sont officiellement motivées par la hausse des prix de l'alimentaire. Mais les choses prennent, désormais, une autre tournure où le pillage, le vol et le racket commencent à prédominer. Sans rencontrer de résistance particulière, les foules déchaînées mettent le feu et pillent au grand jour. Les banques, les bureaux de poste et les recettes des impôts ont été singulièrement ciblés. Aucune circulation automobile n'est possible. Tous les grands axes routiers sont conséquemment paralysés. Toutes les voies et toutes les places sont désertes. Au chef-lieu de wilaya, les sièges de la Cnep-Banque, de la Société Générale, de BNP Paribas, Mobilis et le bloc administratif ont été saccagés. Tous les biens trouvés sur place ont naturellement disparu. Dans la localité de Kherrata, le sabotage a touché le tribunal local, l'agence Sonelgaz, la mairie et de nombreux autres services publics comme l'ADE, la bibliothèque municipale et le parc automobile communal. Dans la municipalité voisine de Darguina, le district local des forêts, l'inspection de l'éducation, le siège de la daïra, le bureau de poste et la direction de la Sonelgaz (production) ont été entièrement consumés par les flammes. A Souk El Tenine, la recette des impôts, la station-service Naftal et plusieurs autres édifices publics ont été ravagés. Un décor similaire a été planté à Taskriout où même les lampadaires et les panneaux de signalisation routière n'ont pas échappé à la colère «juvénile». Dans la commune d'Amizour, le tribunal, la daïra, l'agence Sonelgaz et celle de l'ADE sont réduits en fumées. Les trottoirs ont été défoncés, les arbres arrachés et les abribus ont aussi volé en éclats. A Sidi Aïch, Akbou, Tazmalt et Ouzellaguen, la même vague de destruction a touché les tribunaux, les services du fisc et les agences commerciales des services publics de base comme l'eau, le téléphone ou l'électricité. Les «révoltés» procèdent de la même manière partout : on commence par prendre tout ce qui est à prendre et on met le feu ensuite pour effacer toutes les traces. Certains ont même utilisé des camionnettes pour transporter des micro-ordinateurs, des poêles, des climatiseurs, des caisses à outils et même du mobilier. Tout ça sur fond d'affrontements avec des brigades de policiers complètement dépassées par les événements. Faute de sécurité, les automobilistes et les passagers sont aussi rackettés durant la nuit à travers plusieurs endroits. En somme, c'est l'anarchie. Le wali a lancé hier un appel au calme en promettant d'être à l'écoute des doléances de la population. Par la même occasion, il a sollicité le concours de la société civile et des notables pour apaiser les esprits. Dans de nombreuses localités, des acteurs associatifs et des intellectuels ont également exhorté «les jeunes» à faire preuve de clairvoyance et de sagesse. Il est à signaler que l'écrasante majorité des citoyens, fortement pénalisée par cette situation, désapprouve les méthodes des «casseurs» et plaident pour des actions pacifiques contre la cherté de la vie.