Alors que l'Union européenne projette de satisfaire 34% de la demande d'électricité par les énergies renouvelables d'ici à 2020, l'Algérie ambitionne de produire de l'électricité à partir de ces mêmes énergies à 3 000 MW, c'est-à-dire 40% des besoins de l'Algérie en électricité. Et ce, grâce à la soixantaine de projets identifiés dans ce domaine. Ces projets examinés la semaine dernière en conseil de gouvernement dans l'attente d'être adoptés en Conseil des ministres, au cours du premier trimestre de l'année, permettront, en effet, à l'Algérie de produire entre 2 500 et 3 000 MW d'énergies solaire et éolienne d'ici à 2020, selon le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, qui est longuement revenu la semaine dernière sur le programme national des énergies renouvelables. A l'horizon 2030, l'objectif est de porter cette production à 10 000 MW. Cependant, il y a lieu d'assurer les conditions nécessaires à cet effet. C'est à ce niveau que tout doit se jouer. Le gouvernement est donc appelé à baliser le terrain pour assurer la réussite de ces investissements. Il est surtout appelé en parallèle à préparer une politique pour les tarifs à appliquer pour l'électricité produite à partir des énergies renouvelables. Avec des investissements lourds, les coûts de production de l'électricité à partir des énergies renouvelables s'annoncent nettement plus importants que les coûts de production de l'électricité à partir de sources conventionnelles dont les tarifs sont en deçà des coûts réels de production. Ainsi, tôt ou tard, les consommateurs sont appelés à supporter une partie de ces coûts. Si, pour l'heure, le gouvernement écarte une augmentation des tarifs de l'électricité, dans l'avenir, cette éventualité s'impose. Le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, l'a souligné la semaine dernière. Il a, certes, assuré que le gouvernement n'envisage pas d'augmenter les tarifs à court terme, notamment pour l'année 2011, mais il a tenu à préciser : «Les tarifs de l'électricité en général seront donc probablement révisés à moyen et à long terme quand le gouvernement le décidera.» La demande d'augmentation des tarifs de l'énergie électrique ne date pas d'aujourd'hui. C'est le gouvernement qui temporise pour répondre à Sonelgaz qui rencontre des difficultés dans le financement de ses investissements. Jouant la carte de la temporisation et de l'apaisement, le gouvernement a préféré soutenir financièrement Sonelgaz au lieu de revoir les tarifs de l'électricité à la hausse. «L'Etat soutiendra certainement les projets liés aux énergies renouvelables pour alléger les factures des consommateurs», a relevé à ce sujet M. Bouterfa. Des factures qui sont souvent lourdes et qui s'ajoutent aux autres dépenses quotidiennes des ménages. Parallèlement à la réalisation du programme de développement des énergies renouvelables pour lequel le gouvernement a débloqué un fonds spécial, la priorité doit également être accordée à l'élaboration d'une politique tarifaire pour cette énergie fortement consommée en Algérie. S. I.