De notre envoyée spéciale à Sidi Bel Abbès Amira Bensabeur Sidi Bel Abbès, celle qu'on surnommait «le p'tit Paris», a vécu la nuit de samedi à hier une des nuits les plus hideuses. Les émeutes ont pris de l'ampleur et les casseurs se sont livrés à des actes honteux ciblant des édifices étatiques. La tension n'a baissé que vers minuit, a-t-on indiqué de sources policières. Mais il était déjà trop tard. Les émeutiers composés de jeunes et de mineurs ont saccagé, cassé, brûlé de nombreux bâtiments. Ils se sont même attaqués à des magasins avec pour seul objectif le vol de téléviseurs, démodulateurs et autres matériels informatiques.Lors des affrontements qui les ont opposés aux brigades antiémeute, quinze policiers ont été blessés et plus de 60 arrestations, dont celles de quatre mineurs, ont été opérées dans les rangs des émeutiers. D'importants dégâts ont été enregistrés notamment à la maison de la culture Kateb Yacine dont toute la façade vitrée a été brisée. Les jeunes n'ont pas manqué de s'attaquer à d'autres édifices, dont l'antenne de l'ADE, la BADR, incendiant les archives et détruisant les équipements. Même les points de vente de la société Samsung n'ont pas été épargnés. Tous les appareils électroménagers qui s'y trouvaient ont été volés et les édifices endommagés.Au niveau du faubourg le Rocher, la maison Citroën a aussi été la cible des pilleurs qui ont tenté de mettre le feu à la station Naftal. Les services de sécurité qui ont été obligés de passer à l'action, ont trouvé des difficultés à sauver des bureaux de poste qui ont subi des dégâts. La devanture de la station de la radio locale n'a pas non plus échappé aux jets de pierres.Lors de cette nuit, la capitale de la Mekkera a été défigurée par ces actes de vandalisme. Des pierres volent de partout, des grenades lacrymogènes fusent, des silhouettes juvéniles et encapuchonnées défient les forces de l'ordre. Les fumées noires des pneus étaient coupées par les blanchâtres et âcres fumeroles des bombes lacrymogènes. Un décor des plus désolants, diront des citoyens et des policiers.Rien n'a échappé aux casseurs qui ne respectaient rien ni personne, au point qu'une ambulance de la Protection civile a été incendiée alors qu'elle tentait de secourir des policiers.Il est à noter que les quartiers les plus touchés sont Sidi Djilali, et Benhamouda, qui est le plus peuplé de la ville de Sidi Bel Abbès. On relèvera la présence des services de sécurité dans tous les quartiers, notamment à El Graba qui est caractérisé par une intense activité commerciale informelle.