De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La ville de Tizi Ouzou a vécu, hier dimanche, son troisième jour de troubles que des jeunes ont déclenchés en début d'après-midi sur l'avenue Abane-Ramdane, l'artère principale de la ville des Genêts, où la bâtisse en verre abritant le siège de la CNEP Banque a été caillaissé de pierres et autres projectiles. L'intervention des forces antiémeute ne s'est pas fait attendre et les grenades à gaz lacrymogènes ont fusé aussitôt, provoquant un mouvement de panique parmi les commerçants de cette avenue et des rues adjacentes qui ont baissé rideau sans attendre. Les affrontements entre les forces de l'ordre et les émeutiers se sont poursuivis pendant quelques heures, se propageant vers le rond-point de la ville, non loin du siège de la mairie et même plus haut, vers l'ex-salle de cinéma Le Mondial.Des affrontements qui ont, il faut le dire, surpris les citoyens qui croyaient qu'en ce premier jour de semaine, il y aurait une accalmie dans la capitale du Djurdjura. Mais c'était compter sans la détermination des émeutiers qui n'ont pu profiter de la marche prévue par les étudiants, vers 10 heures. Ces derniers, regroupés autour de leur coordination locale, ont finalement décidé de surseoir à cette marche programmée pour protester contre leurs conditions socio-pédagogiques, particulièrement le système LMD. Lors du rassemblement qu'ils ont organisé hier à l'intérieur du campus de Hasnaoua, les étudiants qui se sont relayés au micro n'ont pas manqué d'exprimer leur soutien au soulèvement populaire à travers les différentes wilayas du pays non sans dénoncer et mettre en garde contre les casseurs, les pilleurs et les manipulateurs. Les émeutiers n'étaient pas aussi nombreux que durant les deux premiers jours et les affrontements étaient circonscrits aux alentours du rond-point de la ville où se trouvent l'ancien siège de la mairie et le siège de la direction régionale de la Sonelgaz. Les manifestants ont tenté à plusieurs reprises de prendre d'assaut le siège du tribunal de Tizi Ouzou, sur la rue Khemisti-Mohamed, à quelques mètres seulement du lieu du déclenchement des hostilités sur la grande-rue. Cette institution qui symbolise, aux yeux des émeutiers, l'injustice et l'impunité était la cible des jeunes depuis le premier jour des affrontements vendredi dernier, mais la mobilisation des forces de sécurité autour de l'imposante bâtisse a fait échouer toutes les tentatives de destruction. A Aïn El Hammam, où se sont poursuivis également les troubles, les émeutiers ont pris pour cible le siège du tribunal de cette ville. Les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux depuis la veille ont pu déjouer leurs tentatives, mais leur nombre étant réduit, ils n'ont pu empêcher le saccage du siège de la BDL, samedi, alors que durant la journée d'hier (dimanche), les émeutiers sont également attaqués au siège de la daïra et celui de la Sonelgaz.Il est à noter que la scolarité des élèves a été perturbée hier, notamment dans certains établissements qui ont préféré libérer leurs élèves par précaution. Des groupes d'élèves ont essayé, dès la matinée, de déclencher des troubles devant plusieurs établissements pour empêcher leurs camarades de rejoindre les salles de classe, mais leurs tentatives ont été vaines devant la volonté des élèves de rester en dehors des troubles et de suivre leur cours dans de bonnes conditions. A noter également que les autres localités de la wilaya de Tizi Ouzou n'ont pas suivi le mouvement à l'exception d'Aïn El Hammam. Les tentatives de reprise à Draa Ben Khedda ont échoué devant le refus de la population de s'impliquer, alors qu'à Tadmaït, ce sont les commerçants qui ont fait grève pour protester contre les accusations portées contre eux par les responsables des pouvoirs publics, mais aussi par d'autres intervenants notamment politiques. En d'autres termes, les troubles semblent cesser à Tizi Ouzou où plusieurs interpellations ont eu lieu parmi les manifestants et de nombreux blessés enregistrés des deux côtés.