Les Palestiniens du quartier Cheikh Jarrah, dans la ville sainte d'El Qods, ont été surpris dans leur sommeil, tôt dans la matinée de dimanche dernier, par le vrombissement des moteurs de trois bulldozers israéliens, envoyés pour démolir l'ancien hôtel Shepherd, un bâtiment vieux de 80 ans. A la place, vingt logements verront bientôt le jour pour accueillir des colons juifs. La démolition de l'établissement hôtelier s'est déroulée sous la protection de la police israélienne, ont ajouté les médias palestiniens. La communauté internationale était unanime à condamner cette nouvelle agression qui, selon Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, «compromet» toute chance de paix israélo-palestinienne. «Cette évolution préoccupante compromet les efforts de paix visant à établir deux Etats pour parvenir à une solution», a affirmé le chef de la diplomatie américaine. «Cette démarche va notamment à l'encontre de la logique d'un accord raisonnable et nécessaire entre les parties sur le statut d'El Qods», a-t-elle poursuivi à son arrivée à Abu Dhabi. «Je rappelle que les colonies sont illégales au regard du droit international», a affirmé le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton dans un communiqué, en soulignant que «Jérusalem-Est [El Qods-Est] fait partie des territoires palestiniens occupés» et que «l'UE ne reconnaît pas son annexion». Pour sa part, l'Autorité palestinienne a perçu cette démolition comme un refus israélien de concrétiser les efforts de paix dans la région. «En opérant de la sorte, Israël a ruiné tous les efforts américains et mis fin à toute chance d'un retour aux négociations», a estimé Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Pour le Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Ghaza, il s'agit tout simplement d'«une tentative de judaïser la ville et d'isoler la vieille ville [d'El Qods] des quartiers arabes voisins». Le Hamas ne se trompe pas dans son analyse même si la question de la judaïsation d'El Qods n'est pas nouvelle. Les deux parties en conflit, Israël et l'Autorité palestinienne, luttent pour le contrôle de la totalité de la ville sainte. Les deux parties veulent en faire leur capitale une et indivisible. Mais il semble que les Israéliens sont en train de gagner cette bataille en agissant d'une manière sournoise pour imposer leur contrôle total sur El Qods dont ils occupent la partie ouest. La partie orientale de la ville sainte, où vivent aussi des colons juifs, risque de passer dans quelques années entre les mains des Israéliens qui forcent les Palestiniens à partir en usant de tous les moyens possibles et imaginables : arrestations arbitraires de civils palestiniens, incursions dans les maisons occupées par les Palestiniens, enlèvements d'enfants, etc. La démolition de quartiers entiers où résident des Palestiniens fait également partie de la stratégie d'occupation israélienne d'El Qods. Sur son blog «Yeux sur le terrain à Jérusalem-Est», de l'association La Paix maintenant, plusieurs articles relatent quotidiennement les violations israéliennes contre les propriétaires terriens palestiniennes en Cisjordanie et à El Qods-Est. Le bureau de coordination des affaires humanitaires dans les territoires occupés (Ocha) a aussi souligné les dépassements israéliens. Dans son récent rapport publié vendredi dernier, Ocha a affirmé que les actes d'agression et de démolition commis par l'occupant israélien ont augmenté de 20% en 2010, comparativement à l'année 2009. «En 2010, Ocha a inscrit 322 incidents séparés des attaques des colons sionistes contre les Palestiniens et leurs propriétés, causant des victimes parmi les Palestiniens ou des dommages aux propriétés, par rapport à 177 attaques enregistrées en 2009 (soit une augmentation de 82%)», a repris le Centre palestinien de l'information (CPI), citant le rapport de l'Ocha. Le rapport a souligné le fait que les forces occupantes ont démoli plus de 12 maisons palestiniennes durant cette semaine seulement, dont deux domiciles dans la ville occupée d'El Qods, alors qu'elles ont déraciné, lors des opérations de démolition, plus de 100 oliviers et ont confisqué des matériaux de construction ; en conséquence, les ressources de subsistance de huit familles palestiniennes ont été affectées. En Cisjordanie occupée, les forces d'occupation sionistes ont distribué des ordres de démolition contre plusieurs maisons dans les fermes palestiniennes, contre 21 familles. Parmi elles, il y a 53 enfants vivant dans l'assemblée bédouine d'Abzeik à Tubas, a ajouté le CPI. «L'Etat d'Israël démolit les propriétés palestiniennes les unes après les autres afin de nettoyer Jérusalem de son histoire, de son patrimoine et de ses habitants palestiniens», a protesté le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat. «Tandis que Netanyahou poursuit sa campagne de relations publiques sur le processus de paix, sur le terrain il agit rapidement pour empêcher l'établissement d'un Etat souverain palestinien», a accusé M. Erakat. Les Palestiniens, qu'ils soient du Hamas ou du Fatah qui contrôle l'Autorité palestinienne, sont conscients du danger qui pèse sur l'avenir de leur peuple. C'est pourquoi, ils veulent déposer un projet de résolution condamnant Israël au niveau des Nations unies, même s'ils savent à l'avance que les Etats-Unis pourraient opposer leur veto. L. M. Les représentants européens en Palestine appellent l'UE à reconnaître El Qods-Est comme capitale du futur Etat palestinien Les représentants des pays européens à El Qods et à Ramallah en Cisjordanie ont appelé, hier, l'Union européenne (UE) à reconnaître El Qods-Est comme la capitale du futur Etat palestinien indépendant, a rapporté une source médiatique. La même source a précisé que cet appel a été lancé dans un rapport adressé récemment à l'UE par les représentants européens, lui demandant la reconnaissance d'El Qods-Est comme capitale du futur Etat palestinien, sans attendre un accord politique entre Palestiniens et Israéliens, ce qui requiert une opposition à toutes les mesures israéliennes prises à El Qods-Est. Selon la même source, les représentants européens dans les territoires palestiniens occupés ont également réclamé de l'UE «un boycott total des activités» de l'entité sioniste à El Qods-Est, ainsi que des produits des commerçants et colons juifs dans la région. Ils ont également demandé de reconnaître les bureaux de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) situés à El Qods-Est. De son côté, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al Malki a indiqué dimanche dernier que la majorité de la communauté internationale allait reconnaître «d'ici septembre 2011» la Palestine comme un Etat indépendant. A l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie espagnole, Trinidad Jimenez, M. Al Maliki a affirmé que «le ministre espagnol des Affaires étrangères m'a dit que l'Union européenne allait reconnaître un Etat palestinien au début du mois de septembre». «Dans le cas où l'Union européenne ne le ferait pas, l'Espagne sera le premier pays européen à reconnaître un Etat palestinien», a-t-il assuré.