Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun La culture de la démission n'existe pas en Algérie, notamment dans le secteur sportif où les différents dirigeants font tout pour rester indéfiniment à la tête de leurs clubs. Malgré tous les résultats chaotiques qu'ils enregistrent, ils essayent toujours de trouver des «circonstances atténuantes» -quelque fois ils ne font même pas d'efforts, se comportant comme si le club leur appartenait–-qui font qu'ils n'arrivent pas à atteindre leurs objectifs. C'est le même constat à faire pour ce qui est des instances ayant la charge de la gestion du football. Si l'on revient sur la saison qui s'est écoulée -et l'actuelle également- il est clair que les dirigeants du sport roi en Algérie ont failli dans leurs missions. L'affaire dite Khelidi, en référence au joueur koubéen, en est la preuve éloquente. La FAF vient d'entrer dans un imbroglio juridico-administratif sans précédent à cause de la mauvaise gestion de ce dossier. Deux instances internationales sont impliquées : le Tribunal arbitral sportif (TAS) de Lausanne, qui, rappelons-le, a ordonné à la FAF d'intégrer le RCK, dès la prochaine journée, en division une, et la FIFA, qui a été saisie par cette même FAF afin d'avoir l'autorisation de surseoir à cette décision du TAS jusqu'à ce que le verdict final soit prononcé. L'affaire est des plus compliquées. Si la Fédération de football se voit définitivement forcée de faire accéder le RCK parmi l'élite, ce serait un véritable chamboulement. Le championnat se jouera avec 17 clubs, où chaque semaine il y a une équipe exempte de compétitions. En plus de cela, quatre journées sont déjà passées. Comment alors la FAF et la LNF comptent-elles faire pour réajuster le calendrier tout en maintenant les résultats des matchs de ces quatre journées ? Il est clair que c'est le fiasco total. Qui en est responsable ? Pour l'instant, personne n'est identifié comme étant l'auteur de cette «bavure». On prend les mêmes et on recommence Si l'on revient, par contre, sur la genèse de l'affaire, il est clair qu'il y a «maldonne» quelque part. Le joueur Samir Khelidi évoluait, apparemment, sous une fausse identité, puisque l'USMH, qui avait fait les réserves, et qui a remporté son match face au RCK sur tapis vert, ce qui lui avait permis d'accéder en division une, a présenté une copie d'un permis de conduire avec la même photo du joueur mais sous un autre prénom (Rabah au lieu de Samir comme mentionné sur sa licence) et une autre date de naissance. Le Raed affirme que le joueur a été recruté sous cette identité. Seulement, si l'USMH a présenté une copie d'un permis de conduire qui indique la vraie identité du joueur, il est clair que les documents d'état civil du joueur ne sont pas «falsifiés». En clair, tout le monde le savait du moment que le club doit déposer un dossier du joueur au niveau de la Ligue. A moins que cette dernière n'ait pas pour habitude de vérifier les dossiers des joueurs et se contente de leurs licences seulement. En tout état de cause, ses responsabilités de la Ligue dans cette affaire est avérée. Le bon sens aurait voulu que quelqu'un prenne ses responsabilités. Il est vrai que le secrétaire général de la LNF, en l'occurrence Brahim Djillali, a été «limogé». Son départ était lié avec cette affaire, suppose-t-on. Mais, il n'y a eu rien d'officiel dans ce sens. L'instance que préside Ali Malek s'est contentée d'un «communiqué», si l'on peut l'appeler ainsi, d'une dizaine de mots annonçant que le contrat liant Djillali à la Ligue ne sera pas renouvelé. Quoi de plus ambigu ! Entre-temps, l'affaire continue à défrayer la chronique. Questionné, il y a quelques temps, sur l'éventualité de se présenter pour un autre mandat -puisque l'assemblée générale élective de la LNF est prévue dans quelques jours –Ali Malek a déclaré qu'il était un peu tôt pour se prononcer. D'ailleurs, il est à noter que les élections au niveau des ligues régionales ont déjà commencé. Résultats : aucun changement. On prend les mêmes et on recommence, semble être la devise dans le monde footballistique. Sans pour autant verser dans les attaques personnalisées, il faut dire quand même que la gestion du football national depuis quelque temps est des plus catastrophiques. Mais, bien évidemment personne n'avoue ses échecs. C'est toujours la faute de l'autre. «C'est la faute de l'autre» On s'en souvient, c'était la même logique qui a prévalu quand l'équipe nationale du football avait raté sa qualification pour la CAN 2008. Aucun responsable n'a démissionné. Pis, même le sélectionneur national de l'époque, à savoir le Français Jean-Michel Cavalli, avait refusé de «rendre son tablier». Il aura fallu plusieurs semaines pour que la Fédération annonce son départ. Quelles que soient les raisons, quand on rate une CAN, surtout pour un pays qui a des traditions footballistiques et qui n'est pas novice en la matière, il faudrait faire un bilan et situer les responsabilités. Il n'en fut rien. Comme indiqué plus haut, cette «impunité» est tout aussi valable au niveau des clubs. Hormis quelques rares exceptions, dans la majorité des cas, les dirigeants des différents clubs ne se décident jamais à partir. Et quand ils le font c'est parce qu'il y a eu des émeutes. L'autre astuce, et là il faut dire que c'est purement spécifique à notre championnat, c'est d'annoncer sa démission afin de «se faire prier» par les «comités de supporters» et certaines «personnalités» de rester. C'est devenu l'exercice favori des présidents de club. Pour ne citer que les plus en vue d'entre-eux, Moh Cherif Hannachi, de la JSK, et Saïd Allik, de l'USMA avaient annoncé leur démission, l'un à la fin de la saison et l'autre au tout début. Mais finalement, il n'en fut rien. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois –ils ne sont pas les seuls bien évidemment– qu'ils annoncent leur départ avant de se rétracter. Il y a également certains clubs qui changent périodiquement de responsables, à l'image du MCO. Seulement, voilà : l'alternance ne se fait qu'entre deux ou, au maximum, trois personnes. Quand Youcef Djebari part, Kacem Elimam le remplace. Et vice versa. Comme si le personnel footballistique était très restreint. En tout cas, ces situations ne sont possibles qu'avec la complicité de certains responsables locaux, en particulier, les directeurs de la jeunesse et des sports (DJS), qui, dans quelques cas, laissent faire et n'interviennent jamais. Les supporters, eux, se sont habitués à ce genre de pratique. En plus de cela, ils ont tendance, ces dernières années, à exprimer leur ras-le-bol en usant de moyens violents, comme ce fut le cas à Oran après la rétrogradation, à la fin de la saison passée, du club en division deux, au lieu de faire pression sur la direction de leur équipe et de la pousser vers la porte de sortie. En Europe, par exemple, les choses se passent différemment. Le patron du FC Barcelone a été le sujet d'une motion de censure de la part des supporters du club qui n'ont pas admis que leur équipe rate le championnat la saison passée encore. Il risque même d'être destitué de son poste. Il n'y a eu ni manifestation de rue ni émeute. Seulement une motion de censure.