De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Le Nouvel An amazigh, qui coïncide avec le 12 janvier, intervient cette année dans un contexte tourmenté. La fête a été visiblement «gâchée» par les violentes émeutes qui viennent de secouer beaucoup de wilayas à travers le pays. L'événement qui, d'ordinaire, offrait l'occasion de célébrations joyeuses et d'échanges de visites et de souhaits a été, cette fois, franchement maussade. A Béjaïa, les festivités ont été sensiblement réduites. Rares sont les localités où l'on a concocté un réel programme d'activités culturelles et ludiques pour marquer ce passage à l'an 2961 du calendrier amazigh.Mais, malgré la difficulté et la sensibilité du moment, l'association Thafoukhth (soleil) a tenu à se surpasser pour créer une atmosphère festive au chef-lieu de la commune de Semaoune, dans la vallée de la Soummam. Musique, théâtre, chorales, poésie, conférences, expositions thématiques et dégustation de mets traditionnels ont été au menu de cette manifestation qui a drainé pratiquement tous les villageois de cette contrée montagneuse. Une ambiance similaire a aussi empreint la municipalité d'Akfadou dans la circonscription de Sidi Aïch. Le collectif culturel Afus (la main) a pris l'initiative en peaufinant un programme de loisirs au profit des enfants de la localité.L'occasion a été également saisie pour inaugurer un club informatique destiné aux jeunes de la région. Au chef-lieu de wilaya, ce premier jour du calendrier agraire nord-africain a été simplement marqué par des appels du mouvement associatif et des étudiants à en faire une journée fériée, chômée et payée. Idem à Tazmalt où un rassemblement a été organisé dans ce sens devant le siège de la mairie. Notons à ce propos que les écoles et un certain nombre d'administrations locales ont anticipé la chose en offrant une journée de repos aux élèves et aux employés. Mais dans les grands centres urbains comme Akbou, Kherrata, El Kseur, Tichy ou Aokas, la «fête» n'a pas débordé du cadre strictement privé.Cette fête ancestrale, vieille de 3 000 ans, est diversement célébrée et les rites diffèrent d'une contrée à l'autre. En Kabylie, la veille de Yennayer, le 11 janvier au soir, est depuis toujours l'occasion de grandes retrouvailles familiales autour d'un dîner bien spécial : le couscous d'orge au poulet. Rappelant que Yennayer est la première fête du calendrier agraire nord-africain ou amazigh qui dérive du calendrier julien de l'époque romaine. Les historiens soulignent à ce propos l'origine latine des noms de mois utilisés de nos jours par la communauté amazighophone : yennayer (januarius), furar (februarius), maghres (martius), yebrir (aprilis), chtember (september), ktuber (october), wamber (novembris) et djumber (décembris). D'autres références historiques soulignent aussi que les peuples d'Afrique du Nord ont commencé à célébrer Yennayer comme étant le jour de la naissance du premier royaume amazigh sous l'autorité d'un roi libyen nommé Chachnaq, qui avait libéré son territoire de la domination des pharaons, 950 ans avant J.-C. Depuis cette époque lointaine, les populations maghrébines fêtent leur indépendance par des festivités traditionnelles. Si l'on ajoute foi à ces références, le 12 janvier 2011 correspondrait tout simplement au 1er yennayer 2961 (résultat de la somme arithmétique de 950 ans avant J.-C. et 2007 après J.-C.).