Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a demandé à son gouvernement de «prendre les mesures les plus urgentes» pour «contenir les prix» des denrées alimentaires, selon un compte rendu du Conseil des ministres publié hier. Le pays connaît depuis quelque temps une flambée des prix, notamment du sucre, de l'huile et du lait en poudre, très critiquée par l'opposition. «Au regard de l'évolution des prix de certaines denrées alimentaires, le président de la République a instruit le gouvernement de prendre les mesures les plus urgentes de nature à permettre de contenir les prix à des niveaux plus accessibles aux populations sur l'ensemble du territoire», selon le communiqué publié par l'Agence mauritanienne d'information (AMI, publique). Cette annonce intervient alors que l'augmentation des prix des denrées de base a été à l'origine d'émeutes meurtrières dans un pays voisin, l'Algérie, qui ont fait cinq morts et 800 blessés la semaine dernière. Par ailleurs, la Tunisie est en proie depuis la mi-décembre à une révolte sans précédent contre le chômage des jeunes diplômés et le régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui a fait 66 morts en un mois selon une ONG des droits de l'Homme. Jeudi dernier, dans un quartier de Nouakchott, des élèves des établissements scolaires avaient manifesté contre la hausse des prix des denrées de base. La Coordination de l'opposition démocratique (COD) a organisé, jeudi soir, une marche et un meeting qui a réuni plusieurs milliers de personnes dans la capitale mauritanienne. «Rien ne va dans ce pays, la corruption, la gabegie, les marchés de gré à gré et le népotisme», a alors dénoncé Ahmed Ould Daddah, dirigeant du principal parti d'opposition, évoquant des «conditions de vie intenables». Auparavant, le vice-président du parti au pouvoir (Union pour la République, UPR), Mohamed Yahya Ould Horma, avait accusé l'opposition «d'utiliser le sujet des prix pour faire de la surenchère politique et de la propagande mensongère». En prônant des mesures urgentes, le président mauritanien a notamment demandé au gouvernement «de valoriser davantage la production nationale, et particulièrement dans les secteurs des céréales, de la viande, du poisson et des légumes».