L'heure est au rétablissement de l'ordre en Tunisie, après plus d'un mois d'émeutes et de contestation sans précédent contre le régime de Ben Ali. La rue a triomphé et l'ancien Président a lâché prise, mais un climat de peur et d'incertitude persiste. Ce sont les actes de destruction et de pillage commis dans les rues de Tunis et ailleurs qui font craindre au peuple tunisien d'éventuels dérapages. Les autorités tunisiennes s'engagent à mettre les moyens nécessaires pour protéger les citoyens. «Nous déployons tous les efforts pour rétablir l'ordre sur l'ensemble du territoire», a déclaré à la chaîne Al Jazeera le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi. Et ce dernier de dénoncer le saccage et la mise à sac de certains bâtiments et édifices publics, commis notamment durant la nuit de vendredi à samedi : «La poursuite des pillages est inacceptable.» Mohamed Ghannouchi a accusé des parties d'avoir profité de la situation pour créer un climat de panique et d'incertitude. Des informations circulaient hier sur l'implication de policiers et de partisans du Président dans les actes de sabotage. Craignant le pire, des citoyens ont pris l'initiative de se protéger eux-mêmes en créant des comités d'autodéfense. Par ailleurs, a assuré le même responsable à l'adresse des Tunisiens exilés, «les opposants et les exilés tunisiens sont libres de rentrer dans le pays. Ils peuvent rentrer quand ils veulent. C'est leur pays». Des déclarations qui font le bonheur des opposants exilés, nombreux à dénoncer le régime de Ben Ali à travers des écrits et des déclarations aux différentes chaînes satellitaires arabes et étrangères. Craignant de nouvelles émeutes et probablement des attaques contre les touristes étrangers, le groupe allemand de tourisme TUI a commencé, hier, à rapatrier ses touristes. Le tour opérateur Thomas Cook a prévu de rapatrier ses 1 800 vacanciers. A noter le décès de 42 prisonniers dans un incendie qui s'est déclaré, hier, dans une prison de Monastir, dans le centre-est de la Tunisie, alors que d'autres centres de détention faisaient l'objet d'attaques qui ont fait plusieurs blessés. Un médecin explique que cet incendie s'est déclaré lors d'une tentative d'évasion qui a mal tourné. Un prisonnier a mis le feu à un matelas dans un dortoir hébergeant près de 90 détenus. A Messadine, indiquent d'autres informations, au moins une vingtaine de femmes ont été blessées par des éléments «incontrôlés habillés en policiers». Ces derniers se seraient emparés d'armes dans la ville voisine de Msaken, avant de répandre la rumeur sur une fausse libération de prisonniers. A Mahdia, plus au sud, une attaque de la prison a fait trois blessés. A l'ouest de Tunis, c'est la prison Mornaguia qui a fait l'objet d'attaques, mais sans faire de victimes. A Kasserine, une attaque a été signalée contre la prison de la ville. Des proches de détenus y seraient impliqués dans une tentative de libérer les leurs. K. M.