Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Bien qu'il se soit félicité des bonnes performances économiques de l'Algérie, le conseil d'administration du FMI considère que le pays reste confronté à d'importants défis. «L'Algérie est confrontée à d'importants défis relatifs à la préservation de la stabilité macroéconomique, la restauration de la prudence budgétaire et la diversification de l'économie», note un rapport de l'institution publié, hier, portant sur les conclusions élaborées dans le cadre de l'article IV des statuts du Fonds au titre de l'année 2010. Le même document recommande «un programme de réformes structurelles plus affirmées [qui] devrait permettre d'améliorer le climat des affaires, de stimuler les investissements privés et de créer les opportunités d'emploi», tout en considérant que la réduction du chômage, surtout parmi les jeunes, demeure un «besoin urgent». Le FMI juge aussi que la modernisation et le renforcement du secteur financier seraient essentiels pour soutenir l'investissement privé. Evoquant les programmes d'investissements publics lancés ces dernières années, l'institution de Bretton Woods estime que «la politique budgétaire expansionniste de ces dernières années doit être contenue sur le moyen terme afin de protéger la capacité de résistance de l'Algérie contre d'éventuels chocs négatifs et prolongés des revenus des hydrocarbures». Dans le même sens, les experts du FMI soutiennent que «la poursuite de la réforme budgétaire est nécessaire pour l'accroissement des recettes hors hydrocarbures et la maîtrise des dépenses publiques, dont une plus grande maîtrise de la masse salariale du secteur public, un meilleur ciblage des transferts et des subventions et une priorité accordée aux projets d'investissements publics». Le rapport du FMI affirme, quant aux investissements directs étrangers, que «des mesures plus énergiques seront nécessaires pour améliorer le climat d'investissements», précisant que les nouvelles règles sur les investissements directs pourraient décourager les investisseurs étrangers et entraver la croissance. Pour la réforme du système du secteur financier, le FMI souligne que si une baisse des crédits non performants a été enregistrée récemment, des efforts sont encore nécessaires pour réduire le niveau élevé de cette catégorie de prêts au niveau des banques publiques. Par ailleurs, le Fonds prévoit une croissance globale de plus de 3% en 2010 et en 2011, et ce, en raison de la stabilisation du secteur des hydrocarbures et les performances dynamiques réalisées par les secteurs liés au programme d'investissements publics. «L'excédent du compte courant s'est amélioré (aussi) d'une manière significative en 2010 en raison de l'augmentation des recettes des hydrocarbures qui a conduit à une augmentation des réserves de changes», notent les administrateurs du Fonds qui rappellent que «la gestion macroéconomique prudente au cours des dix dernières années a permis la constitution d'importantes réserves extérieures et d'épargnes budgétaires versées dans le Fonds de régulation des recettes, tout en maintenant un très faible niveau de la dette». Abordant l'inflation, le FMI, qui s'est félicité pour avoir «réussi à contenir les pressions inflationnistes en dépit des excès de liquidités, des revenus pétroliers élevés et des dépenses publiques importantes», a invité les autorités à resserrer la politique monétaire dans le cas où ces pressions inflationnistes venaient à augmenter. S. B. «les mesures décidées pour agir sur les prix des produits alimentaires sont appropriées» Commentant les mesures adoptées récemment par le gouvernement pour contrer la forte hausse des prix de certains produits alimentaires de base, le chef de division du département Moyen-Orient auprès du FMI, M. Joël Toujas-Barnate, a estimé quelles étaient «appropriées» et que l'Algérie a les ressources nécessaires pour couvrir les coûts de ces mesures qui représentent 0,3% du PIB. Cependant, pour le représentant du Fonds, à plus long terme, l'Algérie «devrait promouvoir la concurrence dans le secteur de la distribution alimentaire pour éviter le comportement monopolistique potentiel et développer son secteur agricole afin d'augmenter son immunité contre les grandes variations dans les cours mondiaux des marchés».Par ailleurs, dans ses projections des principaux indicateurs macro-économiques de l'Algérie pour 2011, le FMI prévoit une légère hausse de la croissance économique, une baisse continue de la dette extérieure, une augmentation nette du montant des exportations des hydrocarbures et des réserves de changes. Voici les principaux indicateurs pour 2011 (les chiffres entre parenthèses sont ceux de 2010). - PIB nominal : 168,8 milliards de dollars (158,6 milliards) - Croissance du PIB : + 3,7% (3,3%) - Croissance hors hydrocarbures : 5,3% (5,3%) - Exportations des hydrocarbures : 61,3 milliards de dollars (56,4 milliards de dollars) - Production pétrolière : 1,3 million de barils/jour (1,2 mb/j) - Crédits à l'économie (par rapport au PIB): 12% (12,5%) - Investissements directs étrangers : 1 milliard de dollars (1,5 milliard) - Réserves de changes : 171,4 milliards de dollars (161 milliards) - Taux de couverture des importations par les exportations : 38 mois (36,7 mois) - Dette extérieure (par rapport au PIB) : 2,2% (2,8%)