L'ambiance dans les marchés de la capitale était peu ordinaire hier au premier jour du mois de Ramadhan, aussi bien chez les consommateurs que chez les vendeurs. Les marchés ont été envahis par les consommateurs dès les premières heures de la journée. Un couffin à la main, les pères et mères de famille s'y sont rendu pleins d'appréhensions quant au tarif des différents produits alimentaires, particulièrement ceux de large consommation. La cherté des produits est visiblement la hantise des citoyens. Ils ne cessent de demander auprès des vendeurs combien coûte tel ou tel légume. Et dès que le vendeur leur annonce le prix, les consommateurs se montrent étonnés. Au marché dit «T'nache» de Belouizdad, le consommateur est au ralenti. Contrairement aux prix des fruits et légumes qui sont en perpétuelle hausse durant la même journée. La mercuriale semble ainsi affaiblir le volume des achats. «Combien coûte le haricot ?» demande timidement une vieille femme au jeune vendeur qui n'arrive plus à répondre aux interrogations des acheteurs. «90 DA, madame», lui répond-il. La cliente ne bronche pas. Elle a jugé le prix excessif. Arrive un quinquagénaire en quête de courgette. «70 dinars le kilo», lui signifie le vendeur. Après quelques minutes de réflexion, il demande un kilo pour ne pas rentrer bredouille. La hausse des prix a manifestement poussé les consommateurs à mieux contrôler leurs achats même si, parfois, ils sont tenus de se passer de l'essentiel. «Il n'y a que le prix de l'oignon qui est abordable, sinon le reste est excessivement cher», annonce une vieille à sa petite fille. La vieille se rappelle de la mercuriale : les haricots verts de 80 à 100 DA, l'ail à 120 DA, les oignons à 25 DA, la courgette de 60 à 70 DA, les «diouls» de 40 à 50 DA. Chez le boucher du coin, c'est la véritable ruée. Le propriétaire vient d'engager de nouveaux employés pour répondre à la demande. Un passant n'hésite pas à souligner le changement opéré sur le prix de la viande fraîche. «Malgré cette tendance à la hausse des prix, la viande rouge coûte entre 600 et 900 dinars, les consommateurs demandent cet aliment essentiel pendant le mois de Ramadhan», explique un citoyen. Notons que l'achat des fruits et légumes, imposé par le mois de Ramadhan, n'a pas fait oublier à certains d'autres courses. Il y a en effet ceux qui sont plus pressés d'acheter des chaussures à leurs petits à quelques jours de la rentrée scolaire que de se laisser emporter par la fièvre des prix des légumes. Au marché dit Clauzel, au cœur d'Alger, le constat est identique avec néanmoins le danger que constitue l'insalubrité des lieux. Avec une benne de décharge placée juste à l'entrée du marché, le consommateur est exposé à tous les dangers. Dans la matinée d'hier, à quelques mètres de cette benne-poubelle, un policier est intervenu auprès d'un livreur de viande sans le moindre élément d'hygiène mais sans aller au bout de son devoir de protéger le citoyen. Il s'est contenté de dire au vendeur que «sa marchandise devait être saisie». A. Y.