Invitée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (ARC), qui inaugure son nouveau cycle musical baptisé «Racines et branches», la compagnie les Deux Andalousies s'est produite, jeudi dernier, à la salle Ibn-Zeydoun à guichets fermés.Séparées par le détroit de Gibraltar, les cultures métissées des Deux Andalousies ont fusionné sur la scène d'Alger en charmant d'un public qui a redécouvert des rythmes familiers. C'est face à une salle bondée que les musiciens de la compagnie ont pris place au milieu de la scène, en tenues traditionnelles maghrébines, et entre les mains des oud, violon et rabab. Le leader de la formation lance les premières notes et entame la soirée avec un titre du répertoire andalou, à savoir Wahed el gheziel. Le public vite conquis applaudit chaleureusement cette introduction. La danseuse orientale Radja Drhourhi fait une entrée gracieuse en enflammant la salle par ses pas de danse sensuelle. Présenté sous forme de tableaux, le spectacle musical offert par la compagnie est un véritable voyage spatio-temporel au cœur des deux Andalousies. La première est celle qui baigne dans le luxe et la grâce, et dont la musique semble inspirée des Mille et Une Nuits. L'ensemble réussira d'ailleurs à refléter la magie de cette culture. Quant au public, il est carrément subjugué et réplique par des youyous. Le 3ème titre est intitulé Alegria del estrecho qui signe le changement de rythmes en allant vers le flamenco. Marco Loopuyt troque son oud contre une guitare et use de sa voix suave pour rendre hommage à la diversité de la culture méditerranéenne. Les Deux Andalousies se confondront par la suite avec une composition de la formation qui rassemble divers rythmes et qui joint l'andalou au flamenco, un mélange savoureux. La danseuse de flamenco Laura Clémente fait face à la danseuse orientale et ensemble elles exécutent un duo improbable. L'ambiance monte d'un cran et les musiciens s'amusent à augmenter la cadence pour sortir en beauté. La formation proposera au public une autre escale à Istanbul, cette fois, à la découverte de la musique ottomane, à savoir la lengua. Pratiquée lors des célébrations familiales, cette musique festive est également présente en Hongrie et puise ses rythmes dans la musique arabo-andalouse. Changement de cap, direction la Syrie avec l'interprétation de la musique traditionnelle. Amoureux des musiques savantes, Marc Loopuyt et sa troupe ont dévoilé jeudi soir le fruit de leurs recherches musicales, et ont su déceler les similitudes entre les différents sons de l'Andalousie et de la Méditerranée. Du mandole au rabab, en passant par l'oud et la guitare, la formation les Deux Andalousies raconte des histoires de deux peuples séparés par le détroit de Gibraltar, mais unis par l'amour de la musique. Le public a eu droit, entre autres, à de la musique arabo-andalouse, du flamenco et du maghrébin populaire que l'on retrouve en Afrique du Nord, le tout accompagné par une agréable mise en scène qui a pimenté le spectacle. W. S.