Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi On reconnaît que la mise en place, en 2008, du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) et l'accompagnement à l'intensification de la production de la pomme de terre ont grandement contribué à l'extension des surfaces plantées de tubercules et à la hausse des rendements à l'hectare. En effet, le Syrpalac sert à assurer un revenu aux producteurs puisque un prix de référence est fixé par la tutelle. Quant au dispositif d'accompagnement, il permet aux producteurs d'ouvrir droit au crédit de campagne sans intérêt (RFIG) et à des réductions de 25 à 40% pour l'acquisition de matériels agricoles dans le cadre du leasing accordé par la Badr. Il faut aussi rappeler que ces mesures d'encouragement à la production se sont traduites à travers la multiplication tangible du nombre de wilayas productrices de pomme de terre. On en veut pour preuve, le passage de 5 wilayas productrices (Aïn Defla, Mostaganem, Mascara et Bouira) à 38 wilayas ; en 2010, elles étaient 48 à produire de la pomme de terre. Il faut rappeler également que des localités du pays qui jusqu'à un passé proche ne produisaient pas de pomme de terre, ont commencé à le faire. C'est le cas de la commune d'El Meniaâ qui a enregistré d'excellents résultats. D'autres essais ont été tentés au niveau d'autres wilayas du Sud, où il y a de grandes potentialités de production. Toutes ces entrées en production associées aux productions du nord ont donné lieu en 2010 à une récolte de 32,9 millions de quintaux, soit une augmentation de 7,9 millions de quintaux (+32%) par rapport aux objectifs fixés dans les contrats de performance pour l'année 2010, à savoir 25 millions de quintaux. Un résultat appréciable et qui plus est, selon les prévisions du département de Rachid Benaïssa, est appelé à s'améliorer davantage cette année du fait de l'extension de la surface cultivée en pomme de terre. «La superficie totale ensemencée sera de 60 000 ha, soit une augmentation de 12 à 18% par rapport à l'année dernière», a fait savoir Bachir Seraoui, directeur du comité interprofessionnel de la pomme de terre, rencontré au siège du ministère de l'Agriculture. A propos des possibilités d'améliorer la production du tubercule, il a annoncé que le comité qu'il préside va organiser des rencontres avec les professionnels pour leur expliquer pourquoi il est nécessaire de mécaniser davantage leur activité s'ils veulent améliorer leur rendement ou tout au moins rester dans les 400 quintaux à l'hectare et assurer ainsi une production régulière. «Pour l'instant, nous cherchons à améliorer la production, en termes de quantité pour passer, ensuite, à la qualité en améliorant la mécanisation Nous allons également nous atteler cette année à organiser des rencontres en vue de montrer aux professionnels comment produire de la bonne qualité dans la perspective d'exporter leur production car il devient de plus en plus évident qu'il faudra trouver un débouché à l'excédent de production que nous avons enregistré en 2010 ». L'exportation, une alternative incontournable Toujours au chapitre de l'exportation, notre interlocuteur a tenu à indiquer : «Nous sommes en train de travailler sur ce projet en étroite collaboration avec la SGP Proda. Ce n'est pas une mince affaire, au vu des conditions, notamment l'exigence de l'établissement de la traçabilité, où sommes encore à la traîne et il faudra vite y remédier si nous voulons introduire les marchés extérieurs ou tout au moins faire connaître notre production à l'externe.» Autour des perspectives d'exportation, «il s'agira, selon M. Seraoui, avant tout de réserver des productions exclusivement à l'export pour répondre à l'exigence de la traçabilité. Ce qui exclut toute idée de tenter des exportations à partir de centre de stockage, quand le produit emmagasiné est de bonne qualité. Ce qui revient à dire que seuls les périmètres sélectionnés feront l'objet d'opération d'exportation. C'est pourquoi il est trop tôt de nous prononcer sur le volume de nos expéditions. Pour être sincères, nous ne le serons qu'à partir de la fin du mois de mars prochain». Et de poursuivre : «Tout ce que je peux dire pour le moment, c'est que nous sommes sur un projet d'exportation avec la SGP Proda de petites quantités.» Pourquoi de petites quantités ? «L'exportation n'est pas une opération simple réalisable du jour au lendemain. On est en train de faire des recherches pour déceler, voir le marché qui pourrait vraiment soutenir notre exportation.» Le président du comité a également ajouté qu'«il faudrait tabler sur la production d'arrière-saison eu égard à la rareté du tubercule sur le marché européen en cette période de l'année. Et comme la wilaya d'El Oued produit beaucoup de pommes de terre d'arrière-saison, il devient intéressant d'exploiter cette opportunité à l'export». Une tentative dans ce sens vient d'être faite. C'est le directeur des services agricoles d'El Oued qui vient de l'annoncer aux médias : une quantité de 56 tonnes de pommes de terre hors saison de la wilaya fait actuellement l'objet d'une opération d'exportation vers la Russie. «Cette quantité de pommes de terre, produite dans la région d'Ourmes, constitue un début prometteur pour les exportations du produit, mais reste toutefois encore limitée», a souligné M. Ouacif Alouane, chef de service de la production et de soutien technique à la DSA. «La pomme de terre d'El Oued répond aux exigences du marché étranger, en particulier européen, de par sa haute qualité nutritive, son calibre et son caractère bio», a ajouté le même responsable qui a confié que «même si ces facteurs d'exportation sont encourageants, il reste, toutefois, que les quantités écoulées ces dernières années sur le marché étranger sont de quelques centaines de quintaux, ce qui est minime, et sont le fruit d'actions individuelles des producteurs». Rappelons que le comité interprofessionnel de la pomme de terre s'évertue ces derniers jours à réunir toutes les conditions à même de rendre l'exportation du tubercule effective et pérenne. Un travail qui demande la contribution des producteurs, des acheteurs et des importateurs étrangers. C'est là un défi à relever pour éviter que l'excédent de production soit jeté. Ce qui serait regrettable, compte tenu du fait que, pour arriver aux résultats actuels, il a fallu consacrer des millions de dinars sans parler des efforts fournis par les producteurs de pomme de terre.