«S'il y avait eu une réelle volonté populaire, aucun dispositif sécuritaire au monde n'aurait empêché les Algériens de marcher.» C'est ce qu'a déclaré hier la secrétaire générale du Parti des travailleurs dans une déclaration introductive à la session ordinaire du bureau politique, en commentant l'échec de la marche de samedi dernier à laquelle avait appelé la coordination pour le changement et la démocratie (CNCD). La désaffection de la population par rapport à cette marche n'est pas due, selon la porte-parole du PT, au fait que les Algériens sont encore traumatisés par les quinze années de terrorisme, mais plutôt parce que cette marche, qui s'était transformée en un rassemblement, n'a pas eu l'adhésion des travailleurs, d'une part, et que, d'autre part, ceux-ci, leurs syndicats en tête (UGTA ou autonomes), ne se sont pas joints à la démarche : «Les travailleurs ne peuvent pas marcher derrière un parti de droite qui a applaudi à la privatisation des hydrocarbures et des entreprises publiques, au plan d'ajustement structurel, à la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne.» Un parti dont les députés ont rejeté l'instauration de l'allocation chômage. Mme Hanoune, qui parlait du RCD, rappellera que ce parti était au gouvernement lorsque l'interdiction des marches dans la capitale avait été décidée, que les mesures de contre-réformes avaient été prises. «Il y a une conscience aujourd'hui et le peuple n'est pas dupe», a déclaré la dirigeante du PT qui a estimé que le dispositif sécuritaire mis en place pour empêcher la marche était anachronique. Elle rappellera que, parmi les personnalités qui avaient soutenu la marche, à l'instar de Benbitour, n'ont rien à envier à celles qui ont applaudi au plan d'ajustement structurel des institutions de Bretton Woods. Benbitour, a indiqué Mme Hanoune, n'a pas démissionné en raison de la politique menée alors par les pouvoirs publics, mais seulement parce qu'il a jugé que le Président empiétait sur ses prérogatives en recourant à la législation par ordonnance. Tout en reconnaissant à chaque parti le droit d'avoir des positions et d'appeler à des marches, l'oratrice précisera que si celle à laquelle avait appelé la CNCD avait un contenu social, la population aurait suivi. Or, a-t-elle encore précisé, les syndicats n'ont pas marché et les jeunes non plus. Ce qui prouve que le parti de Saïd Sadi ne représente qu'une minorité. La dirigeante du Parti des travailleurs lancera un signal d'alarme quant à la situation actuelle. Elle interpellera le président de la République pour l'ouverture des médias lourds, l'instauration d'un débat sur toutes les questions qui préoccupent les Algériens, et ce, entre toutes les forces politiques. Mme Hanoune reviendra sur les mesures d'augmentation de salaires, les colossaux investissements publics jamais réalisés dans aucun pays, tout en précisant que cela reste insuffisant. Pour elle, toutes les grèves et les mouvements sociaux témoignent d'une bonne santé, mais surtout d'une dynamique qu'il ne faut pas briser. F. A.