Si les citoyens accueillent la peur au ventre le mois sacré de Ramadhan pour des raisons évidentes, et longtemps ressassées sans que les pouvoirs publics trouvent une solution à la flambée des prix des produits de large consommation, d'autres aspects, en principe religieux, les attirent et atténuent un peu leur appréhension, particulièrement la nature festive des soirées de ce mois de jeûne si particulier. A Tizi Ouzou, la maison de la culture Mouloud Mammeri reste le lieu par excellence pour ce genre de manifestations, vu que cette wilaya ne dispose pas assez d'infrastructures culturelles susceptibles d'accueillir de grands événements culturels. Mais, faute de mieux, on se contente toujours de ce qu'on nous présente. Et même le théâtre Kateb Yacine, qui attend son nouveau statut d'institution régionale, ne sera pas de la partie cette année. Rien n'empêche que la grande salle de spectacles de la maison de la culture sera, pour ce mois de Ramadhan 2008, le lieu de rendez-vous de plusieurs artistes de renommée, comme Aït Menguellet, Hacene Ahres, Allaoua, Akli Yahiaten. Le public aura également droit à des soirées chaabies avec Chercham et Chaou, entre autres. Selon son directeur, El Hadi Ould Ali, des soirées auront aussi lieu dans certains chefs-lieux de daïra. Cependant, il est bien dommage de constater que l'activité culturelle durant ce mois reste concentrée dans un seul lieu. Le public féru de ce genre de soirées étant très nombreux à Tizi Ouzou, les autorités devraient penser à réaliser de nouvelles infrastructures susceptibles d'accueillir des soirées artistiques d'envergure au profit des mélomanes, aussi bien au chef-lieu de wilaya qu'ailleurs à travers le territoire de la wilaya. Toutefois, on notera que les soirées artistiques ne sont pas la seule attraction pour les Tizi Ouzéens. D'autres endroits sont aussi prisés, comme les cafés maures et autres espaces transformés, pour la circonstance, en «mah'chacha», mot désignant un endroit où on peut jouer aux cartes et aux dominos en écoutant de la musique et en dégustant thés et gâteaux durant toute la soirée. Ces endroits sont souvent aménagés dans les quartiers, mais, ces dernières années, leur nombre a considérablement diminué, principalement pour des raisons de non- conformité avec la réglementation. Sinon, les familles, pas toutes malheureusement, se permettent des sorties nocturnes en ville, histoire de rompre la monotonie de l'année. Les femmes particulièrement les apprécient, même si, dans la ville des Genêts, il n'existe pas de lieux à visiter pour se détendre. Mais, les femmes, cloîtrées dans leur cuisine à préparer le f'tour, ne font pas attention à ce genre de lieux, l'essentiel est qu'elles sortent de la fournaise. Beaucoup de familles restent encore conservatrices à Tizi Ouzou. Des visites familiales sont plus tolérées, agrémentées de la zlabia et autres sucreries bien prisées durant les soirées de Ramadhan.