Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il y a très peu de probabilité que la place Mohamed-Laïd-El-Khalifa à Constantine acquière un jour la réputation de celle dite Tahrir en Egypte. Hier, sur ladite place, il n'y avait que des policiers en tenue urbaine et des journalistes qui se dévisageaient mutuellement. Des curieux, il ne s'en trouvait curieusement pas et même, exception faite de deux jeunes habillés de vert et noir et apparemment mal réveillés compte tenu leur air bougon, les supporters des Sanafir brillaient par leur absence. Il faut effectivement le souligner, la place El-Khalifa est l'une des places fortes des supporters du club doyen de l'Est.L'attente de deux heures pour espérer voir quelque chose bouger, à l'image de ce qui s'est passé samedi passé, aussi minime a été l'action ostentatoire de la trentaine de personnes présentes, n'aura donc finalement rien donné. Quoique la journée printanière exceptionnelle a quand même permis à certains confrères de palabrer sur une conviction partagée selon laquelle «sur le plan strictement politique, rien ne se passera ce samedi, comme pour tous les samedis à venir». Une affirmation recoupée auprès de passants, jeunes, âgés, et des femmes. Un des jeunes que nous avons abordé nous fera part de son «doute sur les tenants et les aboutissants du projet politique en question. Je n'ai pas pour habitude de faire dans le suivisme même du temps où j'étais étudiant, alors, maintenant, vous imaginez un peu mon indifférence à des attitudes, à mes yeux, importées et sur lesquelles il est fait une extraordinaire fixation après ce qui s'est passé en Tunisie et plus particulièrement en Egypte». Une opinion qui est partagée par un cadre à la retraite qui affirme, pour sa part, qu'«il est inéluctable que l'air est au changement en Algérie, il n'y a pas de raison à ce que l'on considère d'autorité que cela n'arrive que chez les autres dont la mesure où le sursaut d'orgueil de nos concitoyens, si tant est qu'il ait lieu avec une plus grande ampleur, est des plus légitimes. Néanmoins, je reste dubitatif sur le moment choisi, mais aussi sur la dimension, voire l'honnêteté morale et politique de certains membres parmi les personnes composant la CNCD. Et puis très franchement, une action de cette importance, si tant est qu'elle en ait une, sans présence féminine massive ne sera qu'une démarche qui ne convaincra personne».En fait, les deux personnes sus-évoquées ont superbement résumé la situation sur les lieux. Et dans sa stricte réalité, Constantine a de tout temps été en marge des mouvements sociaux et/ou politiques de masse s'ils ne sont pas actés spontanément et par rapport à une situation donnée. Plus terre à terre, les Constantinois se sentent en marge de ce qui pourrait se passer ailleurs et qui ne les concerne pas directement. Or, et c'est malheureusement la vérité, c'est cet isolement entre les populations à travers le territoire national, la vacuité politique, la faiblesse du mouvement associatif qui font qu'il relève de la gageure que d'espérer voir les habitants investir la place publique derrière un homme, une association ou une formation politique providentiels et surtout invraisemblable sachant que les habitants de la ville des Ponts ont de tout temps une propension spécifique au rejet de tout ce qui ne leur est pas propre individuellement ou auquel ils ne consentent pas naturellement. Les résultats des élections, toutes natures confondues, de ces vingt dernières années, en sont le meilleur témoignage. Constantine faisant généralement partie des quatre grandes villes où l'on vote le moins.