Photo : M. Hacène Par Faouzia Ababsa Les greffiers de justice entrés en grève mercredi dernier n'ont pas l'intention de reprendre leur travail. Ils exigent que toutes leurs revendications soient satisfaites. «Nous ne céderons pas aux pressions du ministère de la Justice», ont-ils clamé hier dans un sit-in organisé à la cour d'Alger. Les grévistes estiment qu'ils sont lésés dans leurs droits et vivent dans des conditions socioprofessionnelles indécentes. Aussi réclament-ils une revalorisation de leurs salaires qui devraient atteindre au moins 80% de ceux perçus par les magistrats dans la mesure où «nous sommes des auxiliaires de justice». Ils revendiquent également des prêts pour l'achat de véhicules dès lors qu'ils ne disposent pas de transport et trouvent des difficultés à regagner leur domicile. Notamment lorsque les audiences en criminelle se terminent tard dans la nuit. Ils veulent également que la tutelle mette à leur disposition des logements de fonction, à l'instar des autres fonctionnaires du secteur ; le cas échéant, l'équivalent en argent pour pouvoir acquérir des appartements. Plus que cela, ces auxiliaires de justice rejettent le statut particulier qu'ils considèrent, à juste titre, beaucoup plus comme un véritable code pénal qu'un texte qui organise leur profession. En ce sens qu'il ne comprend que des devoirs et obligations, en plus de dispositions disciplinaires dans le cas de fautes professionnelles classées jusqu'au 4e degré. Pour le moment, le ministère ne semble pas accorder trop d'importance à ce mouvement de protestation qui a pour conséquence la paralysie des tribunaux et cours. Plus grave, il a été décidé de substituer les huissiers de justice aux greffiers. Une substitution qui a fait sortir les avocats de la défense de leurs gonds, estimant que c'est là une pratique illégale et totalement contraire à la procédure. En effet, l'exercice de la profession d'huissier de justice est différent de celle du greffier de justice. Le premier est chargé de notifier aux parties en conflit le jugement rendu par les tribunaux. Il veille aussi à ce que ces décisions de justice soient réellement appliquées et exécutées. Quant au greffier, c'est un véritable procédurier, il a pour mission d'assister les présidents et les juges. Il est garant de la procédure. En raison de la nature de sa fonction, le greffier est présent à toutes les étapes de la procédure, il est également chargé de garantir l'authenticité des jugements. Cet auxiliaire de justice a la lourde charge de transcrire l'intégralité du déroulement d'un procès, de dresser les procès-verbaux et de rédiger les décisions du tribunal. Plus important, il est chargé de la conservation des archives et de toutes les pièces. Il constitue les dossiers, procède à l'enregistrement, informe les parties en conflit de la date de l'audience et réceptionne les interjections d'appel ou les pourvois en cassation. En fait, c'est la véritable cheville ouvrière. Nous sommes donc loin des missions dévolues à l'huissier de justice qui ne démérite pas. Mais «à chacun son métier et…» Dès lors, il a droit à plus de considération de la part de sa tutelle. Laquelle n'a aucun intérêt à laisser pourrir la situation par son entêtement au détriment des justiciables, dont certains se trouvent en détention et voient leur audience reportée en raison de la grève illimitée.