Photo : Riad Par Karima Mokrani Alors que les étudiants des grandes écoles reprennent les cours aujourd'hui, rassurés par la dernière décision du Conseil des ministres d'abroger le décret n°10-315 du 13 décembre 2010, ceux de l'université Mohamed-Bougara à Boumerdès maintiennent leur mouvement de grève illimitée. Non seulement ils affichent des inquiétudes quant à l'application des directives du président Bouteflika, mais affirment que leur plate-forme de revendications ne porte pas uniquement sur l'abrogation de ce décret. Ces étudiants relèvent que leurs revendications ne sont pas toutes prises en charge par la tutelle et décident donc de poursuivre la protestation. «Je ne comprends pas pourquoi les autres appellent à une reprise des cours, alors que c'est seulement une revendication parmi d'autres qui a été satisfaite. Et encore !» s'interroge un étudiant de la faculté des sciences de l'ingéniorat de l'université Mohamed-Bougara. A l'université de Bouzaréah (Alger), une grève est observée par les étudiants depuis mardi dernier et leur revendication est tout autre. «Nous demandons la sécurisation de notre université. Il faut une clôture pour assurer la sécurité de l'établissement et des étudiants. Nous sommes livrés à nous-mêmes», confient deux étudiantes. Les deux jeunes filles rappellent que ce problème persiste depuis des années. Les garçons, non plus, ne se sentent pas en sécurité. «Il faut venir à 16 heures et voir ce qui se passe ici. Des délinquants et autres intrus s'introduisent dans l'enceinte universitaire et s'en prennent à des étudiants. Il ne faut vraiment pas s'y aventurer à partir d'une certaine heure», rapportent-ils. Fait à relever, ce mouvement de grève intervient au moment même où les étudiants doivent passer les examens du premier semestre. C'est donc un soulagement - si l'on peut le qualifier ainsi - pour certains, mais une contrainte majeure pour d'autres. «Cela nous déstabilise complètement», confiera un étudiant aspirant à une année universitaire calme et sereine, après avoir raté son année, l'année dernière, pour des problèmes de santé.Pour ce qui est des étudiants des grandes écoles, la décision de reprise des cours n'est pas définitive. «On attend le 27 mars pour voir les textes d'application des dernières mesures. D'ici là, des rencontres sont prévues dans tous les établissements universitaires du pays, y compris dans ces grandes écoles, pour débattre des projets de textes réglementaires liés au LMD, de même que des propositions de passerelles et de correspondances entre les deux systèmes, le classique et le LMD. Ces questions seront tranchées le 27 mars.»Aussi, indique un étudiant de l'université de Bouzaréah, une réunion de quelque seize universités aura lieu dans les prochains jours pour analyser la situation actuelle et décider des suites à donner au mouvement.