Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani Les étudiants de l'université de Bouzaréah (Alger II) sont en grève depuis près d'une semaine. Ils s'élèvent contre le climat d'insécurité qui règne à l'intérieur même de l'enceinte universitaire. Mercredi dernier, une jeune fille a été agressée à l'arme blanche, très tôt le matin, au moment même où elle se rendait en classe pour passer la première épreuve des examens du premier semestre. La victime a été légèrement atteinte au visage (trois points de suture), mais terriblement affectée psychologiquement. «Elle a été hospitalisée quelques jours et maintenant elle est chez elle, traumatisée par l'attaque qu'elle a subie», racontent deux de ses camarades. Celui qui l'a agressée est un délinquant de 17 ans qui voulait lui subtiliser son téléphone portable, précisent-elles. Apprenant la nouvelle, des étudiants ont fermé rapidement les départements et appelé à un grand rassemblement, suivi d'une marche à l'intérieur de l'université. L'appel a drainé une foule nombreuse qui a condamné l'acte criminel et exprimé son indignation devant le manque de sécurité. Depuis, les examens sont gelés pour une période d'une semaine qui risque d'être reconduite si des mesures appropriées ne sont pas prises par les hauts responsables du secteur. Ce qu'il faut savoir, c'est que ce problème ne date pas de mercredi dernier. Maintes fois, depuis plusieurs années, des étudiants, des enseignants et des responsables de cette université l'ont signalé à la tutelle et demandé son intervention pour une solution définitive. A son tour, le ministère a fait appel aux services de police et ont donné leur accord pour l'installation d'une clôture. Mais les choses avancent lentement, et c'est toute l'université qui en pâtit.Cette grève d'une semaine, comme nous venions de le souligner, tombe avec les examens du premier semestre. Un problème de plus pour une université qui supporte difficilement le poids d'autres contraintes, pédagogiques, administratives et peut-être même politiques. Autre problème soulevé par de nombreux étudiants, l'accès au concours de magister. Ce concours est gelé dans plusieurs départements, alors que les derniers textes du ministère stipulent que seuls les étudiants qui ont un magister peuvent enseigner dans le secondaire. Leur licence ne servira pas à grand-chose - si licence il y a -, relèvent certains d'entre eux. «Comment voulez-vous qu'on ait notre magister, alors qu'il n'y a même de concours ?» s'interrogent, indignés, des étudiants du système classique. Ceux inscrits en philosophie sont les plus pénalisés : «L'enseignement de philosophie ne se fait qu'au lycée ou à l'université. Il n'y en a pas au CEM, encore moins au primaire. Qu'allons-nous faire alors avec nos études universitaires ?» se demandent des protestataires au bord du désespoir.