Les complications du diabète sont nombreuses et peuvent être sévères. Les neuropathies, l'infarctus, les troubles de la vision, la cécité, l'accident vasculaire, les amputations, les maladies rénales, les dysfonctionnements érectiles, la dyslipidémie… reviennent souvent dans la genèse des complications qui aggravent le diabète et diminuent l'espérance de vie des personnes atteintes de cette maladie redoutable. Des complications qu'il est possible d'éviter, comme l'ont indiqué les spécialistes venus des quatre coins du pays, mais aussi de l'étranger, pour prendre part au deuxième sommet sur le diabète organisé par les laboratoires Pfizer, jeudi et vendredi derniers, à l'hôtel Sheraton. Une rencontre à laquelle ont pris part quelque 220 spécialistes en diabétologie et endocrinologie et en médecine interne. Pour les intervenants, dont notamment les professeurs Boudiba, Semrouni, Benabbas, Griene, Salti et François Dievart, la majorité des complications liées au diabète peuvent être évitées, diminuées ou retardées si le diabète est dépisté et traité précocement et convenablement. Selon le professeur Boudiba, chef de service diabétologie au CHU Mustapha, la neuropathie diabétique est la plus fréquente des complications chroniques du diabète. La neuropathie (nom donné aux affections qui touchent les nerfs) atteint la moitié des diabétiques dont la maladie évolue depuis environ vingt ans. Ainsi, au bout de plusieurs années, le diabète atteint souvent les nerfs. Elle découle d'une mauvaise circulation sanguine (donc d'un apport en oxygène insuffisant pour les nerfs) et du taux élevé de glucose qui altère la structure des nerfs. Les pieds sont fortement exposés. Le plus souvent, le malade ressent des pertes de sensibilité, notamment à la chaleur, d'où la gravité de cette complication. «En fait, par absence de sensibilité à la douleur, le sujet peut se blesser sans s'en rendre compte», alerte le professeur Boudiba. De plus, le diabète ralentit le processus de cicatrisation, ce qui entraîne des infections récalcitrantes dans les plaies, notamment au niveau des pieds. Ces infections peuvent s'accompagner d'ulcères et sont à l'origine de l'amputation du pied en cas de gangrène. Notre spécialiste rapporte beaucoup de cas de personnes qui se blessent sans faire attention à l'instar d'une patiente qui s'est brûlé les pieds dans un bain maure, d'autres en marchant sur le sable chaud et les conséquences peuvent être irréversibles. L'entretien du pied du diabétique demeure l'une des recommandations phare des spécialistes. Le docteur Samir Aouiche, du service diabétologie au CHU Mustapha, qui a rappelé que le diabète est un véritable fléau dont la prévalence se situe entre 7 et 8%, soit près de deux millions d'Algériens, a vivement plaidé pour la mise en place d'une unité du pied dans chaque hôpital et la formation des médecins et des podologues. La dysfonction érectile demeure, elle aussi, une des complications du diabète qui affecte de plein fouet la vie du patient. Son diagnostic et les solutions thérapeutiques ont été au cœur de cette rencontre. Selon le Pr Mourad Semrouni, endocrinologue au Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), la moitié des diabétiques souffrent d'impuissance sexuelle. «Une question qui doit être sérieusement prise en charge par les praticiens», a expliqué l'orateur. De son côté, le Pr Youcef Belabbès, chef de service diabétologie au CHU de Constantine, a mis l'accent sur la dyslipidémie chez le patient diabétique. Il a indiqué que le sujet atteint de diabète court un haut risque cardiovasculaire qui a pour conséquence l'accélération du processus d'arthérosclérose, d'où l'intérêt d'une prise en charge optimale de cette dyslipidémie pour prévenir les accidents cardiovasculaires. Il a ajouté que les anomalies de lipidémie figurent parmi les principaux facteurs à l'origine des maladies cardiovasculaires chez le diabétique. La prescription des statines est préconisée dans le traitement de la dyslipidémie. A. B.