Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a conditionné le retour au crédit à l'acquisition de véhicules neufs par l'émergence d'une industrie automobile algérienne, ce qui donne une nouvelle garantie à la promotion de la production nationale, préoccupation primordiale du gouvernement, des opérateurs économiques et du syndicat. En juillet 2009, alors que les importations de véhicules explosaient, le gouvernement a décidé d'interdire aux banques l'octroi de crédits aux particuliers, à l'exception des crédits immobiliers. Les importations de véhicules et de pièces détachées, qui avaient atteint les 3,5 milliards de dollars en 2008, étaient insoutenables pour les finances de l'Etat. En 2009, les crédits à la consommation représentaient plus des deux tiers du crédit immobilier, malgré la forte demande qui marquait ces derniers. La décision d'annuler les achats de voitures par facilité bancaire, qui avait naturellement «déçu» les concessionnaires automobiles et les consommateurs, avait été, en revanche, applaudie par les producteurs nationaux, hostiles à toute facilitation pour l'importation de produits finis. Mais avec les prémices d'une industrie automobile locale, à la faveur du projet Renault, «très avancé», selon le ministre de l'industrie, et du projet Volkswagen, à un stade beaucoup moins avancé, le crédit à la consommation pourrait revenir sur la scène, les prochaines années, selon M. Djoudi. Ce dernier a expliqué que la logique engagée depuis les LFC 2008/2009 était de donner un avantage comparatif à la production nationale, et cela, à partir du moment où la production nationale d'automobiles serait en mesure de satisfaire les besoins locaux et de permettre de limiter la facture de l'importation. De même, il a déclaré que le retour au crédit à la consommation était possible. Pour le moment, le gouvernement n'a aucune intention de libérer le crédit à la consommation, mais il y a possibilité pour que cela puisse se faire dans le cadre de la nouvelle loi de finances (2011/2012). Comme aucune convention n'a encore été signée pour le moment avec des constructeurs, la fabrication de véhicules en Algérie risque de prendre encore des années, et ce, bien que le constructeur français Renault ait déjà eu à afficher son intention d'investir dans notre pays. «Il y a un certain nombre de projets [d'usines] automobiles, actuellement en discussion entre le gouvernement algérien et les promoteurs. A partir du moment où ces projets seraient réalisés, nous pourrions même accompagner cela par la mise en place de crédit à l'acquisition de véhicules fabriqués sur le marché domestique», a-t-il déclaré, mardi dernier. D'après Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la promotion de l'investissement, l'Algérie avait récemment avancé à Renault une série de propositions pour la mise en œuvre de son projet d'usine de voitures en Algérie. Il s'agit, entre autres, «d'un niveau de production de 100 000 véhicules de plusieurs modèles par an et d'une liste de 50 entreprises algériennes de sous-traitance avec un taux d'intégration minimum de 50% sur cinq ans», des propositions qui «n'ont pas été rejetées» par cet opérateur, selon le ministre. Quant aux discussions avec Volkswagen, un des grands constructeurs allemands qui «insiste pour investir en Algérie», selon les propos de M. Benmeradi, elles semblent avancer doucement mais sûrement. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que la centrale syndicale UGTA avait demandé, fin février, le «réexamen du crédit à la consommation en direction des ménages, et ce, dans le but de leur permettre d'acquérir des biens ou des services produits localement». F. -B.-C.