Photo : M. Hacène Par Hasna Yacoub Le procès de l'attentat à l'explosif ayant ciblé, le 11 avril 2007, le palais du gouvernement a été reporté, hier, par le tribunal criminel près la cour d'Alger au 12 avril prochain. Outre l'absence des avocats de la défense, le principal motif de ce quatrième report est lié à l'arrestation d'un des dix-huit mis en cause dans cette affaire, dont une dizaine est toujours en fuite. Bouderbala Fateh, inculpé et faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, a été appréhendé dernièrement et présenté, hier, devant le tribunal criminel. N'ayant pas été auditionné avant l'ouverture du procès, le juge a décidé du report afin de permettre au ministère public de constituer un dossier et d'établir les preuves de son accusation sur la base des auditions et des confrontations avec des témoins ou des acolytes. A l'audience, un autre accusé, Hadouche Salim, dont l'avocat de la défense était absent, a demandé au tribunal criminel d'être jugé à part, estimant que son affaire n'a aucun lien avec le procès actuel. Une demande rejetée par le juge qui lui a expliqué que seul le déroulement du procès démontrera l'existence ou non d'un lien entre les affaires. Le président de la séance a également rejeté une demande de liberté provisoire formulée par cet inculpé. Il est à rappeler que ce procès a été reporté à trois reprises pour différents motifs, dont une interjection d'un pourvoi en cassation par un prévenu contre l'arrêt de la chambre d'accusation. Précisons, également, que les dix-huit mis en cause, dont huit sont sous mandat de dépôt, un en liberté provisoire et neuf autres en fuite, dont Abdelmalek Droukdel, l'«émir» national de l'ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), devront répondre des chefs d'inculpation d'appartenance à groupe terroriste dans le but de semer l'effroi au sein de la population et créer un climat d'insécurité, de participation à des actes terroristes avec usage d'explosifs, d'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens et du délit de non-dénonciation. Selon l'arrêt de renvoi, les huit accusés présents ont reconnu devant les services de sécurité et le juge d'instruction, lors de leur audition, «avoir planifié et exécuté» l'attentat contre le palais du gouvernement. Ils ont également reconnu appartenir à la «Katibet El Arkam» activant dans la région de Thénia (Boumerdès), sous la bannière de l'ex-GSPC, dont la dénomination actuelle est Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Toujours selon l'arrêt de renvoi, les mis en cause avaient filmé les édifices du palais du gouvernement et de la DGSN avant de transmettre tous les détails, quatre jours avant l'attentat, à l'«émir» de Katibet El Arkam, le terroriste Ghiatou Rabah, en fuite. Le frère de Boudina, l'un des deux kamikazes qui se sont fait exploser dans les véhicules piégés ayant ciblé, à quelques minutes d'intervalle, le palais du gouvernement et le siège de la division est de la Police judiciaire, est accusé dans ce procès de non-dénonciation. Ce dernier ainsi que Bouderbala, le prévenu arrêté dernièrement, sont les seuls accusés dans ce procès à être jugés pour la première fois pour ces faits. En effet, les sept autres accusés sous mandat de dépôt ont été condamnés, en 2009, dans le procès de l'attentat contre le siège de la division est de la Police judiciaire, dont l'arrêt de renvoi avait également inclus l'attentat contre le palais du gouvernement et l'attentat à la voiture piégée avorté contre le domicile du défunt DGSN Ali Tounsi. La justice a fini par juger utile de dissocier ces trois affaires parce que les victimes ne sont pas les mêmes. La défense des inculpés condamnés dans le procès de 2009 projette d'évoquer l'article 311 du code de procédure pénale, qui stipule qu'il ne peut y avoir une nouvelle poursuite pour les mêmes faits, ni une double condamnation. A préciser, enfin, que le double attentat contre le palais du gouvernement et le siège de la division est de la Police judiciaire ont fait une trentaine de victimes et des dizaines de blessés.