Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui compte se présenter à la prochaine présidence égyptienne, a confirmé hier qu'il appelait à voter «non» au référendum de samedi 19 mars, pour amender la Constitution après la chute du président Hosni Moubarak. Diplomate de carrière, ancien ministre des Affaires étrangères de M. Moubarak avant de prendre la tête de la Ligue arabe, M. Moussa, 74 ans, s'est rapproché du mouvement hostile au régime durant les manifestations de janvier et février et qui ont abouti à l'éviction du raïs. «Rejeter les changements constitutionnels est la bonne décision à prendre pour les électeurs qui se rendront aux urnes», a-t-il déclaré dans un communiqué repris par les agences. Ce référendum, faut-il le rappeler encore une fois, vise à modifier plusieurs articles de la Constitution héritée de l'ère Moubarak, afin notamment de limiter toute présidence à deux mandats de quatre ans - contre un nombre illimité de mandats de six ans - et à assouplir les conditions de candidature. De nombreux partis et mouvements d'opposition estiment toutefois que les changements ne vont pas assez loin et que ce référendum, cinq semaines à peine après le départ de M. Moubarak, est organisé à la hâte. L'armée égyptienne, dépositaire du pouvoir depuis le départ du Président, espère, quant à elle, que ces changements permettront d'organiser comme promis dans les prochains mois des élections législatives et présidentielle libres, en vue d'un retour rapide à un pouvoir civil. Pour M. Moussa, les changements «ne répondent pas aux ambitions du peuple égyptien qui rêve d'une ère démocratique» après trente années passées sous le régime autoritaire de M. Moubarak. «Un vote positif lors du référendum de samedi permettrait, selon lui, en maintenant l'essentiel de l'ancienne Constitution, au chef de l'Etat de garder les vastes pouvoirs dont profitait le président déchu, et donc courir le risque de retrouver un régime analogue. Garder l'ancienne Constitution donnerait au futur président de vastes pouvoirs, ce à quoi le peuple s'oppose dans sa quête de démocratie, de liberté et de refus de revenir à l'ancien ordre des choses», affirme M. Moussa. L'opposition égyptienne s'est montrée plus que réticente envers les amendements proposés par la commission qui a été chargée par les forces armées d'accomplir cette tâche. Seule la confrérie islamiste des Frères musulmans, le plus organisé des mouvements d'opposition égyptiens, a appelé à voter «oui» ; les autres formations jugeant les amendements constitutionnels insuffisants s'y opposent fermement. G. H.