Le gouvernement est en train d'opérer un grand virage dans le domaine de l'investissement. Les signes sont visibles partout. Les investissements et les entreprises étrangères sont en ligne de mire. Les pouvoirs publics, en effet, ont décidé de mieux contrôler et de mieux réguler un secteur né dans la crise dont les facteurs et les éléments de cette apparition ont disparu. Il y a quelques années, il faut rappeler que le gouvernement, pour des raisons évidentes de relance de l'activité économique, accordait des facilitations financières, administratives et douanières très encourageantes aux investisseurs étrangers. Or, l'évolution de la situation économique du pays a fait que ces IDE arrivent non seulement à faire des bénéfices mais également à transférer des sommes en devises très importantes. Certains spécialistes ont même prévu que ces entreprises étrangères peuvent transférer jusqu'à 50 milliards de dollars à court terme, soit en quelques années. Des spécialistes aussi parlent de 7 milliards de dollars transférés en 2007 par ces opérateurs étrangers. Il a fallu corriger le tir donc. Dans ce sillage, il est utile de s'interroger sur l'utilité de leur présence si ce n'est la création de richesses, l'absorption du chômage, voire le réinvestissement des bénéfices générés sur le sol algérien. Face à une telle situation, le gouvernement n'est pas resté les bras croisés, puisque les mesures tendant à cadrer ces entreprises et ces investissements s'élargissent de plus en plus. Parmi elles, celle contenue dans la loi de finances 2009. Cette mesure obligera toutes les entreprises étrangères qui opèrent en Algérie sous forme de contrat et qui ne sont pas de droit algérien à verser 15% de leurs transferts à l'extérieur aux impôts. A citer également la création d'un droit de préemption en matière de cession des entreprises et l'obligation d'une participation majoritaire dans les projets de partenariats engageant l'Etat. Ces différentes mesures, globalement, renseignent on ne peut mieux sur des prédations économiques qui existent et opèrent en toute quiétude, et si l'Etat en tant qu'arbitre a décidé d'entrer dans le jeu d'une manière active, c'est qu'il y a un réel problème dans le système des investissements. Une chose est certaine, le discours du président de la République devant les élus du peuple a fait bouger les choses. S'exprimant sur la question, également, lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République a voulu rassurer la communauté des investisseurs, indiquant qu'il ne s'agit pas là de restriction ou de durcissement des conditions d'investissement. Il avancera, en guise d'explication, que le pays entend défendre ses droits comme les autres pays en matière d'investissements, tout comme il entend mettre un terme aux comportements parasitaires et spéculateurs au détriment du Trésor public. Parallèlement, l'Algérie a consacré des sommes faramineuses à la réalisation des différentes structures. Ce qui va certainement augmenter l'appétit des groupes étrangers qui entrent dans le jeu et font tout pour décrocher des marchés. Donner une autre chance au secteur industriel national privé et public n'est pas à écarter. De même, ces mesures sont de bon augure pour un retour d'un protectionnisme rationnel et raisonnable de l'Etat. Un protectionnisme qui permettrait, pourquoi pas, l'apparition d'un tissu industriel national efficace et valable. S. B.