Le secteur de la communication continue de connaître des remous à l'instar des autres domaines d'activité : après l'APS et El Moudjahid, c'est au tour de l'ensemble des représentants de la corporation de tenter de s'organiser en vue de revendiquer leurs droits socioprofessionnels. Relevant aussi bien du public que du privé, de l'audiovisuel que de la presse écrite, ils étaient quelques dizaines à s'être donné rendez-vous hier au siège de la Maison de la presse pour s'entendre sur la démarche à suivre et les actions à mener en vue de faire entendre leur voix. Après discussion, ils se sont entendus pour la tenue d'une grève durant la journée du 3 mai, celle dédiée à la liberté d'expression. D'ici là, une autre réunion prévue mardi prochain au même lieu devra définir les actions concrètes à mener pour faire aboutir leurs revendications. «Pour aujourd'hui [hier, ndlr], il s'agit d'un premier contact en espérant que les prochains jours verront une plus grande mobilisation des journalistes. Nous voulons à travers notre action interpeller le gouvernement sur notre situation car il en est le premier responsable dès lors que c'est lui qui a autorisé la création des entreprises de presse et les a subventionnées à volonté», nous dira un des journalistes présents au rassemblement et exerçant au quotidien arabophone El Ahdath. Les confrères ayant répondu présent à l'appel «pour la dignité de la presse» veulent inscrire leur action dans la durée jusqu'à satisfaction de leurs attentes et n'entendent pas inscrire leur initiative dans un cadre syndical ou autre. «C'est l'initiative de tous les journalistes et nous ne voulons même pas dégager un comité pour cela, car c'est ouvert à tous, et c'est pour tous les journalistes». Intervenant tour à tour, des confrères ont exprimé leur ras-le-bol devant ce qu'ils considèrent comme un mépris pour leur profession, voire pour leur personne : «Qui peut me dire quelle est la part d'un journaliste des recettes sur la publicité qu'engrange un quotidien ?» s'interroge l'un d'eux, en ajoutant qu'il est «inadmissible de concevoir un salaire inférieur à 60 000 DA pour la corporation». Les langues se délient et le mécontentement s'exprime de toutes parts. Exerçant depuis de longues années au quotidien Sawt El Ahrar, Chibane Rabah veut faire entendre sa voix : «Je suis là pour que le journaliste soit mieux considéré, vous vous rendez compte, parceque j'ai osé dénoncer une injustice, j'ai été mis à l'écart et interdit d'écriture depuis une année !» D'autres qualifient leur situation de tout simplement «misérable» et parlent d' «exploitation» en bonne et due forme : «C‘est de l'esclavage des temps modernes, les éditeurs s'enrichissent et nous, nous n'arrivons pas à avancer, nous devons piger à droite et à gauche pour avoir un salaire plus digne et cela reste insuffisant», s'indigne une consœur d'un titre également arabophone. Pour cette première rencontre, il y a lieu de souligner que la majorité des journalistes qui y ont adhéré sont issus de la presse d'expression arabophone et font partie de la récente vague de recrues. M. C.