Photo : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar «Nous sommes en poste depuis 2004 comme contractuels. Chaque année, notre contrat de travail est automatiquement renouvelé. Cette situation de précarité nous fait perdre nos droits. Notre mensualité est fixée à seulement 14 000 DA. Avec ce salaire, on ne peut faire face aux dépenses courantes de nos familles», a expliqué Hafid Ighersane, en soulignant que des courriers ont été adressés à toutes les autorités concernées pour régler ce conflit sans passer par le débrayage. «Nous avons saisi l'Agence nationale des barrages, le ministère de l'Hydraulique et des Ressources en eau ainsi que la Direction de l'hydraulique de Béjaïa, mais aucune réponse n'est venue de ces derniers», a ajouté notre interlocuteur. Les 450 travailleurs de l'entreprise COGB - La Belle, partenariat public-privé pour la production des huiles de table, en sont à leur dixième jour de grève pour dénoncer la fermeture récente de deux ateliers de production en raison de la situation financière peu reluisante de la société. Ils pressent le partenaire privé - le Groupe La Belle - d'apporter l'argent promis pour le développement de l'outil de travail et l'amélioration des conditions socioprofessionnelles du personnel. Les fonctionnaires de la Direction du commerce ne sont pas en reste, puisqu' ils viennent d'observer une grève de trois jours pour revendiquer la révision du statut particulier de la corporation, l'élaboration du régime indemnitaire et le versement de la PRC (prime de rendement collectif). Ici aussi, les trois points soulevés portent tous sur le revenu. Pour les mêmes préoccupations socioprofessionnelles, toutes les corporations montent épisodiquement au créneau pour réclamer une hausse salariale. Les enseignants, les universitaires, les médecins, les employés des collectivités locales, les cheminots, les postiers et les gardes communaux, voire tous les travailleurs algériens, estiment que leur salaire ne fait plus vivre. La flambée des prix, la spéculation qui perturbe fortement le marché et les besoins constamment croissants mettent les chefs de famille dans une situation aussi embarrassante que difficile.Les retraités et les pensionnés avouent aussi leur difficulté à boucler leur fin de mois. Toutes les strates de la société investissent la rue pour demander au gouvernement et au patronat de revoir leur politique salariale. La question du pouvoir d'achat, qui taraude la quasi-totalité des Algériens, interpelle le gouvernement et le secteur patronal. Une politique salariale équitable, la régulation du marché, la lutte contre la spéculation et les barons de l'informel sont autant de dossiers en rapport direct avec cette ébullition sociale.