Le mouvement El Islah semble renouer encore une fois avec l'instabilité de ses instances dirigeantes suite à une tentative de retour de l'ancien président, Mohamed Boulahia. Le secrétaire général du mouvement, Djamel Benabdeslam, monte au créneau, dénonçant les tentatives de déstabilisation du parti par certains responsables, notamment Mohamed Boulahia, Djamel soualah, ex-président du conseil consultatif, et Miloud Kadri, ancien chef du groupe parlementaire, qu'il qualifie de personnes étrangères au mouvement et qui n'ont aucun lien avec le parti. Les accusant d'«usurpation de fonction», il brandit la menace de les ester en justice, tout en rappelant que «rien n'a changé au sein du mouvement et de ses instances dirigeantes». A l'origine de cette nouvelle crise, Mohamed Boulahia, l'un des responsables de l'éviction de Djaballah de la tête du parti, et néanmoins en rupture de banc avec le parti depuis l'élection présidentielle de 2009, qui aurait été sollicité par des membres de l'instance consultative en vue d'assurer la transition jusqu'à la tenue du congrès. «J'ai été sollicité par des membres du madjliss echoura pour reprendre mes activités au sein du parti afin de lever le problème légal qui s'est posé après ma démission. Conformément au règlement intérieur et au statut du parti, un congrès extraordinaire devait se tenir dans un délai de 60 jours après ma démission. Or, depuis 2009, le poste de président du mouvement est resté vacant, et le mouvement devient illégal», a-t-il expliqué. «Ce n'est qu'après maintes sollicitations et insistance que j'ai cédé et accepté d'assurer la transition jusqu'au retour à la légalité du parti. En tant que président démissionnaire, j'insiste pour présenter mon rapport moral et financier devant le congrès qui m'a confié cette responsabilité dont je n'en veux pas aujourd'hui. Je suis réellement gêné dans cette situation», a ajouté M. Boulahia, joint hier par téléphone. En réponse aux menaces de l'actuel SG du parti, il affirme : «Qu'il fasse ce qu'il veut, il est illégal au regard du règlement intérieur et au statut du parti.» Ce retour, rappelle-t-on, avait été décidé à la majorité des membres du conseil national tenu en session extraordinaire sous la présidence de Djamel Soualah, en présence de membres du bureau national. Cette session a abouti à des solutions intermédiaires visant à «normaliser» la situation sur les plans organique et réglementaire à la lumière du retard mis par le ministère de l'Intérieur à autoriser la tenue d'un congrès extraordinaire. Ainsi, une motion demandant à Mohamed Boulahia de reprendre ses fonctions au sein des instances du parti a été adoptée, considérant que sa démission est illégale tant qu'elle n'a pas été validée par un congrès extraordinaire, qui n'a pu avoir lieu. Miloud Kadri a été désigné, quant à lui, nouveau secrétaire général pour succéder à l'actuelle SG, dont le mandat aurait expiré. Soit, une direction et des instances parallèles à celles déjà existantes, et qui, si elles venaient à s'officialiser, corserait davantage le conflit autour de ce parti qui vit au rythme d'un imbroglio politique depuis que 2006, date de la destitution de Abdallah Djaballah de la tête de cette formation islamiste. A. R.