De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La rentrée scolaire montre son nez ! A peine les ménages ont-ils digéré quelques jours de jeûne avec toutes les dépenses qui s'en sont suivies, cet événement vient frapper à leur porte pour qu'ils se préparent à sortir «la seconde tirelire» consacrée à cet effet. Mais, pour de nombreux ménages, il se trouve qu'elle est déjà bien entamée par la flambée des prix dans les marchés du Ramadhan. Un écueil difficile à franchir pour les familles nombreuses et à faible revenu. Joindre les deux bouts (le carême et la rentrée scolaire) est une équation difficile à résoudre sans un élément de secours. Pour les enfants, quel bonheur de retrouver l'école et quelle sensation pour les nouveaux inscrits d'étrenner le tablier et le cartable rempli de fournitures scolaires et d'entamer leur long cursus. L'émotion est grande pour les parents mais comment subvenir aux besoins de leur progéniture ? C'est le second round de cette rentrée sociale version 2008-2009. Un hasard du calendrier met les parents à rude épreuve. Pour juguler un tant soit peu les dépenses, le marché informel propose des produits de piètre qualité provenant de Chine à des prix défiant toute concurrence. Soit, un palliatif «illégal» appliqué par certains commerçants dont l'activité est conjoncturelle et sans registre du commerce. Une particularité, les espaces loués au centre-ville sont rejetés. En effet, des «tentes-magasins» ne s'implanteront pas. «L'APC n'envisage pas de dégager des espaces à louer», apprend–on d'une source communale. Aux yeux des spécialistes «du cahier», ce gel «réglementaire» écarte la vente illégale, étant donné les opérations «frauduleuses» ayant entaché l'octroi de l'attestation d'occupation jusqu'à sa mise en exploitation, sans omettre la variété des produits proposés dépassant parfois la composition du trousseau scolaire. La ville perd son look et se transforme en un véritable «souk». C'est ce qui a incité la direction du commerce à interdire les braderies «de la rue» dissimulées dans l'ombre d'une foire organisée. «Désormais, point de place pour ces pratiques. Il est inconcevable de voir des étals de fournitures répartis aléatoirement dans les rues», affirme M. Adjroud, directeur du commerce de wilaya. Sous un autre angle, on évoque l'exiguïté des lieux au niveau du centre-ville, en plein chantier. D'autres sources évoquent l'aspect sécuritaire en évitant des regroupements, une vigilance recommandée par les responsables locaux, comme l'atteste le maire Chibane : «Aucun espace ne sera mis à la location cette année.» Concernant le contrôle de la qualité des fournitures scolaires provenant de Chine, qui se taille la part du lion, il constitue une autre prérogative du service du commerce. Après un premier examen à l'arrivage, ces fournitures en subissent un second de conformité au niveau du Centre algérien de contrôle de la qualité (CAC), situé au plateau de Mansourah. Pour l'heure, les services compétents ne semblent avoir décelé aucune anomalie sur les produits réceptionnés et mis sur le marché. «Le marché demeure notre préoccupation majeure afin que la rentrée se déroule sans pénurie. Toutefois, le contrôle de la qualité des fournitures chinoises est rigoureux», indique le même interlocuteur, qui a enclenché la machine des inspections sur le terrain. Ainsi, il ressort d'un premier bilan établi que, sur les 32 interventions opérées dans différents espaces de vente, 12 PV assortis de la mention d'absence de factures ont été dressés. Concernant la fraude à l'étiquetage, les 29 interventions effectuées ont révélé 3 430 unités, tous articles confondus (pâte à modeler, couvertures en plastique et colle) non conformes à la commercialisation. Ce lot a été retiré du marché, soutient le service du commerce. La ruée des marchés devra céder la place dès la rentrée à une autre étape, celle de l'achat du manuel scolaire. A ce sujet, les ménages n'auront pas de souci suite aux garanties émises dernièrement par le wali et le directeur de l'éducation, attestant que «le livre scolaire sera disponible dans tous les établissements et avec un nombre dépassant les prévisions». Tous les élèves peuvent s'offrir leurs manuels sans recourir aux étals de l'informel placés dans les quartiers de la vieille médina. Il reste, toutefois, de combattre l'illégalité de quelques titres parascolaires non «identifiés» par leurs propres maisons d'édition, encore moins par un paraphe de l'éducation, afin de ne pas compliquer encore… la tâche aux élèves, ceux du cycle primaire notamment, qui, depuis la mise en place de la refonte du système éducatif, cherchent des cours de soutien «payants» ailleurs que dans leur propre école. Les effets vestimentaires ferment la marche de l'approvisionnement du trousseau scolaire. A cet effet, les parents disposent d'un large éventail. Toutes les pointures et tailles devraient exister, dès lors que les Chinois sont là pour proposer textile et chaussures. Des commerces chinois «s'approprient» par location des fonds à des prix inimaginables et écoulent leurs produits, bien que «bas de gamme», à des prix défiant toute concurrence ! Une énigme pour cette machine chinoise dont le secret est à puiser dans «le pur informel» sans que l'on se soucie vraiment de la nature des participations, si elles devraient exister au niveau du fisc. Au grand bonheur des faibles bourses. La rentrée, c'est un autre budget qui attend les ménages. La disponibilité du livre scolaire et sa distribution aux nécessiteux diminuent un tant soit peu les dépenses des uns. La solidarité «du trousseau scolaire», qui a débuté la semaine dernière, complété le début d'une rentrée idoine pour les élèves.