Alors que les manifestants réclament toujours, dans les différentes villes du pays, son départ, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a réfuté la proposition de sortie de crise proposée par les monarchies du Golfe, provoquant même une crise diplomatique avec le Qatar. Ainsi, le Yémen a rappelé hier son ambassadeur à Doha pour protester contre la position du Qatar appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh dont le principal rival, le général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, a assuré ne pas avoir d'ambition politique. L'agence officielle a rapporté que l'ambassadeur du Yémen au Qatar a été rappelé pour consultations après les déclarations du Premier ministre du Qatar cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani sur les efforts des pays du Golfe concernant un dialogue entre les différentes parties au Yémen. Cheikh Hamad avait indiqué mercredi dernier que les monarchies du Golfe souhaitaient un accord sur le départ de M. Saleh. Ce dernier a rejeté, vendredi dernier, cette initiative devant des milliers de ses partisans à Sanaa et laissé exploser sa colère contre le Qatar. Dans une mise au point publiée après le discours, la Présidence a affirmé que M. Saleh «accueille favorablement les efforts du Conseil de coopération du Golfe (CCG) conduits par l'Arabie saoudite pour régler la crise mais refuse les déclarations du Qatar, qui constituent une ingérence inacceptable dans les affaires yéménites». A Sanaa, le général Ahmar, principal opposant au Président en place, a déclaré, hier, que «l'armée sera à l'avenir sous les ordres des civils et je ne cherche personnellement aucun poste de pouvoir». La défection de ce haut gradé, commandant de la région nord-est et de la 1ère division blindée, qui avait annoncé le 21 mars rejoindre la contestation, a porté un coup dur au président Saleh, qui fait face à un mouvement de contestation sans précédent en 32 ans de pouvoir. Ce mouvement était perceptible hier à Taëz, sud de Sanaa, où des milliers de Yéménites en colère ont manifesté pour dénoncer les tirs des forces de l'ordre qui ont fait, vendredi, quatre morts et 116 blessés. La foule s'est rassemblée sur la place de la Liberté, lieu des heurts de vendredi, en criant des slogans réclamant le procès des responsables de ce qu'ils ont qualifié de «tuerie». Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au régime et leur refus de toute médiation qui ne comprenne pas le départ du président Saleh. Dans le Sud, des unités de l'armée ont bombardé à l'arme lourde un refuge présumé d'El Qaïda, après avoir demandé aux civils de quitter les lieux. Les bombardements à l'artillerie et au canon de char se concentrent sur la localité de Joar, dans la province d'Abyane, a précisé sous le couvert de l'anonymat un officier de l'armée yéménite de la 25ème brigade mécanisée. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'était dit, jeudi dernier, «inquiet» du relâchement dans la lutte contre les militants d'El Qaïda dans les pays arabes touchés par les mouvements de protestation depuis janvier. A Aden, la plus grande ville du Sud, était paralysée par une grève de protestation contre le régime, à l'appel de la coordination des «Jeunes de la révolution du 16 février». G. H.