De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La ville de Constantine devra mieux exploiter et verdir davantage ses aires vides si elle entend réduire le déficit en espaces verts dont elle souffre. Cet avis, qui fait l'unanimité au sein de la population, est d'ailleurs partagé par la direction de wilaya en charge de l'environnement qui reconnaît les lacunes en la matière.Pour permettre à la nature d'avoir droit de cité dans Constantine, qui, comme toutes les villes d'Algérie, connaît une extension urbaine effrénée et souvent anarchique, la réhabilitation des jardins publics existants ainsi que la réalisation d'autres s'imposent à plus d'un titre. Le boisement de toutes les assiettes de terrains vides et inconstructibles ainsi que des berges du Rhumel permettraient à la ville d'avoir de plus vastes périmètres de verdure et à sa population de respirer un air plus sain. Des espaces vides attendent verdure S'étalant sur une superficie totale de 82,61 hectares, soit 2 m2 par habitant, les espaces verts dans le chef-lieu de la wilaya sont répartis entre forêt urbaine, jardins publics et jardins résidentiels classés par arrêté de la commune. Ils sont respectivement au nombre de 1, 17 et 2. Trois sites au moins méritent une attention particulière en raison du mauvais état dans lequel ils se trouvent. Selon une estimation des investissements nécessaires pour la réhabilitation et la réalisation de jardins, dans le cadre du programme de développement des espaces verts pour la commune de Constantine, il est établi que les travaux devant être engagés requerraient un montant de 434 millions de dinars et porteraient sur l'aménagement et le boisement de 590 ha, dont 20 ha deviendraient des jardins publics.La commune de Khroub occupe la seconde place en matière d'aménagement d'espaces verts avec une superficie qui s'étend sur 209,46 ha, soit 12 m2 par habitant. Aïn Smara possède 66,2 ha et les 9 municipalités restantes (Hamma Bouziane, Zighoud Youcef, Ouled Rahmoune, Beni H'midane, Benbadis…) en comptent au total 7,16 ha. Un nouveau mode de gestion des espaces verts S'agissant de la gestion et de l'entretien des espaces verts qui ont toujours posé problème aux autorités locales, la wilaya de Constantine semble avoir trouvé la solution. Une trentaine de micro entreprises créées dans le cadre des programmes d'aides à l'emploi de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) et de la Caisse nationale de chômage (Cnac) devront désormais prendre en charge les jardins et espaces verts. C'est la nouveauté à Constantine en matière environnementale et de loisirs. Des commissions locales se concertent pour désigner une douzaine de microentreprises qui devront, dans un premier temps, accomplir cette tâche. L'ouverture des plis devrait avoir lieu cette semaine, attestent nos sources qui affirment qu'au moins 12 unités seront accréditées au niveau du chef-lieu. Les autres municipalités sont également concernées par ce nouveau type de fonctionnement. La Direction de l'environnement n'est pas en reste dans cette opération à laquelle elle contribue avec l'étude d'orientation élaborée par des bureaux d'études spécialisés en vue de limiter et d'arrêter toutes les actions inhérentes aux espaces verts dans les 12 communes de la wilaya. Après avoir été abandonnés pendant longtemps à leur sort, les jardins publics, les squares et les parcs sont en passe de connaître de plus beaux jours. En effet, il n'est plus question de se contenter de planter arbres, haies, pelouses, bosquets… d'ériger des clôtures et de livrer ensuite le tout à l'incivisme, au vandalisme et au laisser-aller. L'idée de confier les jardins publics à de petites entreprises privées s'inscrit dans cette perspective qui dessine les contours d'un nouveau mode de gestion des espaces verts à Constantine. Il est attendu la mise en service prochaine d'autres entreprises à travers la circonscription.Conscients des défis de l'heure en ce qui concerne la préservation de l'environnement et donc de la nécessité d'exploiter tout le potentiel vert, les responsables locaux, à leur tête le responsable de l'exécutif, ont, semble-t-il, changé leur fusil d'épaule pour permettre à la verdure de reconquérir sa place face à l'avancée du béton qui ne connaît pas de frontières ni de limites. Mieux, les responsables locaux ont même accepté de déléguer une partie de leurs charges pour la prise en charge des espaces verts. C'est une gestion dite «différenciée», plus claire, selon la définition des spécialistes. Ce mode de gestion «établit des distinctions en raison des fonctions que les espaces ont à remplir. Il crée de nouveaux types d'espaces plus libres, correspondant à une utilisation contemporaine aux fonctions plus variées», expliquent-ils. La décision de recourir à cette formule de concession du secteur public au privé a été prise suite au constat établi par les services communaux qui ont reconnu leur incapacité sur le plan financier et logistique à chapeauter l'ensemble des espaces verts de la ville de Constantine. «Ce sera une couverture pour la commune en matière du budget destiné à la prise en charge de ce volet», estime-t-on. Ce partenariat public-privé cadre aussi avec la conjoncture actuelle dans son aspect lié à la lutte contre le chômage. A ce titre, le directeur de l'Epic, M. Nedjar, nous confiera que «les avantages à tirer de ce concept de gestion sont multiples. A commencer par le recrutement de jeunes travailleurs issus de la même localité pour chaque microentreprise accréditée. La culture environnementale du citoyen est aussi ciblée par cette régulation des espaces, puisque la vulgarisation et la sensibilisation s'effectueront indirectement par les acteurs des microentreprises». Toutefois, les autorités locales ne sont pas complètement déchargées sur les entreprises. Parallèlement à la mise en place du partenariat avec le privé, deux entreprises publiques communales ont été créées dernièrement par arrêté du wali de Constantine. Elles ont pour mission, outre l'entretien des espaces verts et le ramassage des ordures, la gestion de l'éclairage public. La première entreprise a été créée dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli, dans la commune de Khroub. Dénommée Etablissement de gestion urbaine de la nouvelle ville Ali-Mendjli (Eguvam), elle a bénéficié d'un budget primitif octroyé par la wilaya estimé à 7 millions de dinars destiné au fonctionnement, tandis que 100 millions de dinars ont été alloués pour l'achat des équipements nécessaires. L'autre structure, Edevco, doit notamment prendre en charge la gestion des espaces verts de la ville de Constantine. Sa mission principale est d'aménager et d'entretenir les espaces verts et les jardins publics du chef-lieu. Une enveloppe financière de 53 millions de dinars a été accordée par la wilaya à cette entreprise.