La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), conçue pour aider les ex-pays soviétiques, devrait voir son rôle évolué, réorienté. Elle est appelée à «participer au financement de la croissance et du re-développement» de la Tunisie et de l'Egypte, deux pays en mutation actuellement. La déclaration est de la ministre française des Finances Christine Lagarde, lors des assemblées générales de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), ayant commencé jeudi dernier à Washington. La démarche de la Berd va s'inscrire dans un plan global consistant à mettre en synergie plusieurs banques multilatérales, pour répondre aux «aspirations des citoyens» du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Reste, cependant, à savoir si l'institution européenne est en mesure d'assumer ce rôle, dans un contexte européen difficile, du fait de la crise qui affecte certains pays du Vieux Continent, le Portugal et la Grèce en tête. Des pays fragiles sur le plan économique et qui ont subi de plein fouet les effets de la crise financière internationale. Une crise, qui n'est pas encore réglée, et dont ont parlé le FMI et la Banque mondiale à la faveur de ces assemblées générales. «Nous devons agir [...]. Ne comptez pas sur l'idée que la croissance sera suffisante. Nous avons besoin de plus que la croissance ; nous avons besoin de politiques actives», a déclaré en substance Strauss-Kahn, patron du FMI. Et d'affirmer : «Je ne suis pas sûr d'être d'accord [...] avec l'idée que nous sommes dans une période d'après-crise. Nous sommes toujours en crise.» Tout est dit. La tempête provoquée par cette crise est loin d'être passée. Dans pareille situation, est-il possible que des pays, qui se barricadent contre les poussées de la crise financière, puissent aider d'autres pays en crise politiques, ceux-là ? Depuis le début des révoltes dans les pays arabes, le FMI a beaucoup insisté sur la lutte contre le chômage et les inégalités. Il compte intégrer des indicateurs pour mesurer son efficacité à ses évaluations des économies des Etats membres. La Banque mondiale semble, elle, engagée à apporter son soutien aux pays en développement, que ces derniers aient fait la révolution ou pas. La Banque mondiale s'est fixé comme priorité de répondre à la hausse des prix de l'alimentation, proches de leurs records de 2008. «Nous sommes dans la zone dangereuse, parce que les prix ont déjà augmenté et que les stocks pour beaucoup de matières premières sont relativement bas», a expliqué Zoellick, son président. «Le monde peut faire quelque chose contre cela», a relevé Zoellick, dont l'institution évalue à 935 millions le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique. «La Banque mondiale tire la sonnette d'alarme sur la crise depuis un certain temps, mais les bailleurs de fonds ont honteusement fait preuve de négligence dans leur réponse», a réagi, pour sa part, le directeur général de l'ONG Oxfam-France, Luc Lamprière. Y. S.