à l'ère des réformes et révoltes populaires pour imposer la démocratie, le dernier fief du communisme pur et dur dans le monde semble se décider, enfin, à amorcer des réformes politiques. Le président cubain Raul Castro a donc proposé, samedi dernier lors du discours d'ouverture du 6e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC), de limiter à dix ans les mandats politiques. Devant les 1 000 délégués du congrès, le premier depuis 1997, Raul Castro, qui bouclera ses 80 ans en juin prochain, a expliqué que cette mesure avait pour but d'«assurer un rajeunissement systématique de toute la chaîne de responsabilités» au sein du pouvoir. Une proposition faite à l'occasion d'une analyse de la direction politique de Cuba, dirigé pendant près d'un demi-siècle par son frère Fidel Castro. Au cours d'un discours de plus de deux heures, Raul Castro a également présenté les grandes lignes des réformes économiques qui doivent être définies et adoptées par le congrès. Plus de 300 mesures économiques seront soumises jusqu'à mardi au congrès, qui se devra aussi de renouveler ses instances dirigeantes. Le document de base a été publié en novembre dernier et comportait quelque 291 mesures. Après trois mois de discussions par 8,9 millions de Cubains en plus de 163 000 réunions, le nouveau document propose en 311 suggestions un ample éventail de mesures qui doivent «actualiser» le modèle socialiste, a expliqué Raul Castro. Les suppressions d'emploi dans le secteur public, l'ouverture de l'économie à l'initiative privée, l'autonomie des entreprises d'Etat, la réforme du secteur agroalimentaire et l'ouverture aux capitaux étrangers constituent les principaux domaines de réformes proposés au 6e congrès du PCC. La mesure qui a le plus retenu l'attention de la population, au cours des réunions populaires de discussion, a souligné Raul Castro, est l'avenir de la «libreta», le carnet de rationnement qui permet depuis 1963 à tout Cubain de profiter d'un panier de produits de base à des prix subventionnés. A terme, la «libreta» devrait disparaître, a confirmé le Président. «La disparition de la libreta ne constitue pas une fin en soi, mais doit être une des mesures qu'il sera indispensable d'adopter dans le cadre d'une amélioration de la productivité du travail», a indiqué Raul Castro, en soulignant parallèlement la nécessité d'une hausse générale des salaires. Concernant les suppressions d'emploi dans le secteur d'Etat - 95% de l'économie cubaine -, Raul Castro a souligné que «personne ne serait abandonné à son sort» et qu'un «système d'attention sociale sera mis en place pour garantir un soutien minimum à ceux qui en ont vraiment besoin». Outre les réformes économiques, le congrès doit, d'ici mardi prochain, également procéder au renouvellement des instances dirigeantes du parti. Premier secrétaire du PCC depuis sa fondation en 1965, Fidel Castro a annoncé en mars qu'il souhaitait abandonner les dernières fonctions officielles qu'il détient au sein du régime qu'il a fondé en 1959.