De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi C'est à l'unisson que retentit cet appel émis par les associations actives à Constantine : «Les responsables devraient s'impliquer davantage dans la préservation du patrimoine matériel et immatériel.» Une sonnette d'alarme activée au moment opportun puisque le pays célèbre le mois du patrimoine. Le Palais du bey, qui a ouvert le bal avec des expositions, accueille diverses associations dont celles baptisées les Amis du musée Cirta et les Amis du Palais du bey et de la préservation du patrimoine. Ces deux associations constituent la locomotive du mouvement associatif engagé pour la préservation du patrimoine. Rompues au travail de sensibilisation, en dépit des moyens limités que leur octroient les décideurs à l'échelle locale, elles sont sur tous les fronts. Bénéficiant chacune d'une modeste subvention allouée annuellement et ne dépassant pas les 120 000 dinars, ces associations se démènent comme elles peuvent pour maintenir ces liens avec le passé historique et identitaire de Cirta. Quand le bénévolat devient militantisme «C'est beaucoup plus un acte de bénévolat que l'on entreprend pour éviter une déperdition à notre cher capital patrimonial», confiait un adhérent et peintre amateur au sein de l'association les Amis du Palais du bey. L'association, selon les moyens dont elle dispose, se veut omniprésente à travers des opérations de sensibilisation et l'organisation de colloques, sans omettre les actions d'aide aux lycéens, collégiens et étudiants en matière de documentation. Un autre handicap vient gêner l'action de l'association : elle ne dispose d'aucun espace de travail. «Le palais reconverti en musée des arts populaires ne compte pas pour le moins dégager un espace à l'association pour y activer et lui apporter une contribution quant à sa préservation», a-t-on fait remarquer. «L'idéal pour nous est de bénéficier d'un local qui ne doit pas être excentré d'un monument, et ce, pour demeurer dans la lignée du patrimoine qui est notre principale vocation», dira un autre membre de l'association.A l'occasion, des jeunes collégiens ont été sollicités pour participer à l'élaboration d'un petit ouvrage sur la vie du bey ainsi que des portraits sur verre le dépeignant. A quelques pas de la première exposition susmentionnée, les Amis du musée exposent leurs produits pour lesquels ils ont œuvré des mois durant. Des supports illustrent leurs présentations. Mais ce qu'on relèvera, c'est l'indifférence des acteurs décideurs qui brillent par leur absence au palais. Sinon, comment expliquer à l'heure où la high-tech se généralise, des moyens dérisoires sont utilisés pour diffuser le message ? Ecrans et data-show devraient remplacer pancartes et autres affiches. En attente de l'implication des autorités locales Le président de l'association, M. Bennacef, demande aux pouvoirs publics d'accorder un intérêt particulier pour sauver le patrimoine constantinois. «Lorsque nous voyons les gens, tous âges confondus, défiler devant nos stands nous sommes comblés. Cela dénote la reconnaissance du public et son intérêt pour toute sa richesse», soutient M. Bennacef qui déplore la froideur affichée à l'encontre de son association. «Notre but est de sauvegarder le patrimoine tout en ayant une vision sur l'évolution des choses», ajoute-t-il. Pour ce qui est des éventuels nouveaux adhérents, M. Bennacef dira que l'association ouvre ses portes à tous et n'exclut personne. «Au contraire, celui ou celle qui est en mesure d'apporter un plus qu'il se présente, pour peu que les idées n'interfèrent en rien avecl'authenticitépatrimoniale», dira-t-il.En matière de subvention, à l'instar des autres associations, les dons n'abondent pas. Les membres de l'association sont souvent obligés de mettre la main à la poche pour couvrir les dépenses. «Seule la commune a accordé 120 000 dinars en 2010. Une subvention qui reste maigre par rapport aux actions qu'on mène. Quoique la Direction de la culture ait contribué avec 20 000 dinars pour la confection des affiches. En ce qui concerne les projets relevant de son exercice annuel, l'association devait confectionner des dépliants et un ouvrage. Mais faute d'aide, les ébauches sont restées dans un tiroir. Ces défaillances ne découragent cependant pas l'engagement de l'association. «Nous croyons en ce que nous faisons et aucune difficulté ne viendra à bout de nos efforts», soutient-on.S'agissant des Amis du musée Cirta, l'association appréhende son départ imminent du musée où elle active depuis des années. «On est menacé d'expulsion», déplore le président qui compte saisir les autorités pour leur demander de s'impliquer plus activement.