De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les autorités locales ou plus précisément les gardiens du patrimoine ancestral devraient mettre la main à la poche et se réunir plus fréquemment autour d'une table avec les associations versées dans la sauvegarde du patrimoine. C'est ce qui ressort des divers témoignages recueillis auprès de la population et des acteurs adhérant à la cause patrimoniale. On subventionne sans compter le foot, le chant et autres activités de moindre importance. Mais lorsqu'il s'agit de débourser pour sauvegarder le terroir et les richesses matérielles ou immatérielles, on fait la sourde oreille arguant que le «bénévolat» n'a point besoin de financements. Mais si, effectivement, les bénévoles n'attendent pas d'être rétribués pour un travail qu'ils font par conviction et volontarisme, cela ne veut aucunement dire que leurs actions peuvent se passer de soutiens. Ces mécènes, sans lesquels des déperditions seraient inévitables, ont besoin de l'implication effective de l'administration locale qui a les moyens qu'ils n'ont pas et peut fournir des équipements et du matériel nécessaires à la réussite de l'action engagée par les volontaires.A vrai dire, la sensibilisation de la population au sujet, quoique perceptible à l'échelle locale, demande autant d'implication et notamment de concertation en vue de baliser davantage les sites à préserver. La ville du Vieux Rocher se félicite de l'existence de quelques bénévoles soucieux de l'intérêt de cet acquis ancestral. Toutefois, ce qui manque à ces groupes, c'est une stratégie commune entérinée par les pouvoirs publics locaux. Les différentes associations existant à Constantine et qui essayent d'activer ont, au moins, un problème commun : le manque de moyens. Les aides mises à leur disposition pour les actions qu'elles projettent de mener sont jugées dérisoires. C'est, certes, une œuvre volontaire à accomplir, mais «le patrimoine concerne tout le monde», explique-t-on.Si certaines associations ont pu trouver une institution qui met à leur disposition un «coin» qui abrite leurs activités, il n'en est pas de même pour l'association des Amis de Tiddis, par exemple, qui subit une déplorable marginalisation. Pour preuve, la 4ème édition du festival du printemps baptisé Tiddis que devait abriter cette localité située à Beni H'midane, n'a pas eu lieu. Le manque de finances a hypothéqué cette manifestation, qui est tout aussi culturelle que touristique. Et aucune voix officielle n'est venue s'interroger sur cette annulation.«On attend toujours la subvention annuelle, bien qu'on ait ficelé le dossier relatif à cette manifestation», devait dire M. Mechati, le président de l'association qui a emprunté le nom de la cité antique. N'ayant que 100 000 dinars par an pour budget, elle se trouve dans l'incapacité d'élargir ses actions. L'Assemblée populaire de wilaya est appelée à revoir sa copie en matière de subventions accordées aux différentes associations. Du moins, les plus engagées et actives. Mais ce n'est pas le cas pour l'heure. En outre, vu le budget ridiculement réduit octroyé à la municipalité de Beni H'midane, celle-ci ne pourrait garantir à ladite association une aide confortable, car d'autres catégories actives de la jeunesse sont aussi dans le besoin. Et ce scénario se répète indéfiniment. Une fois les journées inaugurales dédiées à cet événement «estompées», l'indifférence reprend le dessus alors que la pérennité de l'action est du ressort des associations qui prendraient le relais. «Objet» d'une attention particulière depuis 2004, année où elle est entrée en activité, l'association des Amis de Tiddis attend toujours les aides promises et le site pour la préservation duquel elle s'est constituée, son aménagement. Report après report, le site de Tiddis n'est toujours pas pris en charge. Après un appel d'offres infructueux pour la désignation d'un bureau d'études, il semblerait que les études préliminaires soient confiées à l'Urbaco. Ce site archéologique devra bénéficier d'un plan d'urgence. Le projet n'est pas nouveau et il n'a que trop tardé pour se concrétiser. «On attend du concret pour revaloriser ce patrimoine», dira l'association. Ce plan «spécial aménagement Tiddis» a été décidé par le wali de Constantine. En attendant la concrétisation de ce plan, l'association n'est pas restée les bras croisés et a consigné une liste qui énumère tous les points nécessitant d'être traités. Cette liste a été déposée sur le bureau du wali.Selon M. Mechati, le site devra bénéficier de plusieurs réaménagements dont une liaison avec la route nationale 24, et ce, sur un linéaire de 7 km. L'association a également proposé la réalisation d'un musée. «En tant que force de proposition, nous espérons que le bureau d'études qui chapeautera le dossier prendra en considération nos suggestions», dira notre interlocuteur qui ajoutera qu'il est nécessaire de revoir la délimitation du site. «Bien que s'étalant sur 42 hectares, il n'a fait l'objet de fouilles que dans un périmètre assez réduit n'excédant pas la superficie de 7 hectares. C'est pourquoi nous demandons aux services compétents de songer à d'autres excavations pour exhumer davantage de richesses éventuellement restées inexplorées», indique le président de l'association. Pour l'heure, l'association les Amis de Tiddis poursuivra ses actions au profit des visiteurs du site pour leur faire découvrir sa richesse et, surtout, les sensibiliser à sa préservation, en attendant l'aménagement adéquat promis, pour la deuxième fois. N. H. La reconversion de la prison du Coudiat en gestation La prison du Coudiat est un autre site patrimonial de Constantine qui suscite des suggestions. Après l'annulation de la décision de sa démolition par les pouvoirs publics, des bruits courent ces derniers temps et annoncent sa reconversion. De l'avis de la majorité des hommes de culture de Constantine, il serait grand temps d'exploiter cette prison intelligemment, tout en lui gardant «sa mémoire vive». Pourquoi ne pas occuper une partie de cette enceinte pour y inclure un centre d'archives coloniales ou sur la vie de Ben Boulaïd. Les observateurs évoquent à titre d'exemple une prison de Marseille reconvertie en bibliothèque pour dire que c'est l'exploitation rationnelle et intelligible qui devrait bénéficier à cette prison implantée au cœur de la ville et occupant une surface considérable, doit être exploitée avec intelligence.