Les trois facultés de l'Université d'Alger I (médecine, sciences islamiques et droit) ont été paralysées hier par un mouvement de grève déclenché par le personnel (laborantins, bibliothécaires et gardes universitaires), pour exiger «l'application immédiate» du régime indemnitaire (RI) des personnels du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, élaboré en août-septembre 2010 par une commission nationale regroupant le ministère de tutelle et la Fédération nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FNESRS). Réunis, hier en fin d'après-midi, lors d'une assemblée générale, les travailleurs ont lancé un «ultimatum» au ministère de l'Enseignement supérieur jusqu'à lundi prochain pour répondre favorablement à leurs doléances. «Si aucune réponse positive ne nous est donnée, nous allons observer deux journées de grève d'affilée les mardi 10 et mercredi 11 mai», a assuré M. Aziz Bentaleb, président de la section syndicale UGTA de l'Université d'Alger I, précisant que «dans le cas où la tutelle persisterait encore dans son refus après ces deux journées de grève, nous opterons pour une grève illimitée». Outre le régime indemnitaire, les travailleurs réclament aussi des augmentations de salaires avec effet rétroactif à compter de janvier 2008, au même titre que tous les autres secteurs bénéficiaires des récentes mesures prises par l'Etat. S'agissant du régime indemnitaire, «la base syndicale de l'Université d'Alger I interpelle la tutelle afin de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une concrétisation véritable du régime indemnitaire sur le terrain avant la fin juin 2011», peut-on lire dans le P-V de réunion des membres du conseil syndical de l'Université d'Alger I du 3 janvier 2011. «Nous exigeons qu'un document prouvant que le régime indemnitaire du personnel de l'enseignement supérieur a été bel et bien envoyé à la Fonction publique. Nous avons eu des échos faisant état que la Fonction publique a été destinataire du régime indemnitaire, mais, à ce jour, nous n'avons aucune preuve», indiquera M. Bentaleb. Selon lui, les grévistes proposent la mise en place d'un régime indemnitaire «en adéquation avec les spécificités» du secteur de l'enseignement supérieur pour éviter l'«écrasement social de certaines catégories par d'autres catégories de personnels qui sont à la fois un outil et un support indispensables pour les missions pédagogiques». Ainsi, ils réclament d'instituer un régime indemnitaire adéquat «en faveur des emplois spécifiques» à l'instar des personnels de laboratoires scientifiques incluant, notamment, une indemnité de risque à hauteur de 40% en raison des risques pour la santé et la sécurité des personnels (exposition à des produits toxiques, cancérigènes, corrosifs, inflammables, ainsi que la manipulation de sang, de liquides organiques et de tissus pouvant présenter un risque biologique sérieux). Le régime indemnitaire doit également, selon les grévistes, prendre en considération une autre catégorie : celle du personnel des bibliothèques universitaires (communément appelés bibliothécaires). Dans ce cadre, les travailleurs réclament, entre autres indemnités, l'institution de l'indemnité de nuisance allant de 10 à 25% au profit des aides techniques (25%), des assistants de bibliothèque (15%) et des attachés de bibliothèque et conservateurs (10%). En outre, les grévistes appellent à étendre le régime indemnitaire applicable aux personnels médicaux et paramédicaux relevant du secteur de la santé publique «au profit des personnels ayant le même profil exerçant dans le secteur de l'enseignement supérieur». D'autre part, parmi les revendications soulevées par les grévistes, la permanisation des employés contractuels ayant été recrutés avant la promulgation du décret n°308/07 du 29/09/2007 et ce, «au même titre que leurs homologues de l'éducation nationale régularisés récemment, ainsi que les vacataires concernés par le décret n°205/79 du 11/11/1979». Les grévistes ont, en outre, soulevé la question de «la dignité» des personnels, notamment ceux chargés de la sécurité. A en croire le président de la section syndicale de l'Université d'Alger I, ces derniers sont le plus souvent «traînés» devant la justice pour des actes qui relèvent, pourtant, de leurs prérogatives dans le cadre du règlement intérieur de l'université. M. Bentaleb fait état d'agents de sécurité traduits en justice pour avoir empêché des «personnes étrangères» d'entrer à l'intérieur de l'enceinte universitaire. Les syndicalistes en appellent, par conséquent, aux autorités concernées, le ministère de la Justice et les services de sécurité, de mettre un terme «à ces graves dérives qui portent atteinte à la dignité du travailleur» et les exhortent «à respecter le règlement intérieur propre à l'université». Selon le syndicaliste, une dizaine d'agents ont été traînés en justice dont un s'est vu infliger une amende de 25 000 DA, alors que son salaire ne dépasse pas 15 000DA. M. Bentaleb s'offusque du fait que ces travailleurs «qui ne font après tout que ce qu'ils sont censés faire, soient traités en tant que personnes physiques et non morales puisqu'ils ne font qu'obéir au règlement intérieur de l'université». Y. D. Rassemblement des travailleurs de l'Université d'Alger I Les travailleurs de l'Université d'Alger I observent, aujourd'hui, un rassemblement de protestation contre la décision du recteur de la faculté de droit de faire appel aux services d'une société privée de gardiennage pour assurer la sécurité du nouveau siège de la faculté, sis à Saïd-Hamdine, à Alger. «Les travailleurs ont interprété cette décision comme une énième provocation à leur encontre. Car au moment où ils exigent la titularisation des employés contractuels, le recteur de la faculté de droit décide de recruter d'autres personnes», nous a confié M. Aziz Bentaleb. Y. D.