De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani En l'absence d'une application stricte des lois relatives à la protection de l'environnement, la pollution à Annaba prend des proportions alarmantes et risque d'avoir de graves conséquences sur la santé publique si des mesures urgentes ne sont pas prises. Le bassin de la Seybouse, qui traverse sept wilayas, est devenu ces dernières années un véritable dépotoir «ambulant» qui charrie sur son passage des tonnes de déchets liquides et solides pour les déverser dans la Méditerranée. La Seybouse, qui s'étend sur 240 km passant par 68 communes, est «surpolluée» à tel point que la vie aquatique et subaquatique s'est réduite sensiblement, menaçant de disparition diverses espèces animales et végétales qui faisaient sa richesse et sa diversité. Longtemps considéré comme étant un facteur important de développement et une source vitale pour l'alimentation en eau potable des millions de citoyens de la région, le bassin de la Seybouse ne remplit presque plus ses fonctions aujourd'hui malgré l'intervention des pouvoirs publics pour le préserver des agressions continues. En effet, des centaines d'entreprises de production implantées dans ces wilayas exploitent son cours pour y déverser leurs déchets sans trop se soucier des conséquences désastreuses sur l'environnement. Un environnement qui se dégrade de jour en jour et est défiguré par des comportements conscients ou inconscients par de simples gestes dits sans gravité ou par une pollution en quantité «industrielle». Selon une étude scientifique réalisée par l'Association nationale pour la protection de l'environnement et de la lutte contre la pollution (ANPEP) implantée à Annaba, 1 125 tonnes de déchets solides et 4 millions de litres de liquides (huile ou eau usées) sont déversés chaque année dans le bassin de la Seybouse. «Une situation insupportable et qui a de graves conséquences sur l'environnement et sur la santé des populations habitant la région, nous confie M. Ali Halimi, président de l'ANPEP. Il faut mettre un terme à cela, il s'agit de la survie d'espèces animales et végétales, de la pérennité du développement et de la sauvegarde du cadre de vie.» L'association, qui a lancé une campagne de sensibilisation auprès des industriels, des fellahs et des citoyens, a sillonné les wilayas de Guelma, El Tarf et Annaba en entreprenant des actions sur le terrain par des conférences et des rencontres avec les principaux concernés, mais aussi dans les écoles et par la diffusion et la distribution de dépliants, d'autocollants et d'affiches attirant l'attention de tous sur la nécessité de préserver et de protéger l'environnement. «Il y va de la continuité de la vie, du développement durable; c'est notre devenir et notre avenir qui sont en jeu», poursuit le président de l'ANPEP. M. Halimi nous informera que «l'Etat a réalisé des ouvrages allant dans le sens de la protection et la préservation de l'environnement en mettant en service des stations d'épuration pour les eaux usées dans chaque wilaya; ces eaux qui ne polluent plus la Seybouse sont recyclées, apurées et purifiées pour être exploitées une seconde fois». Ce qui est inquiétant dans cette pollution tous azimuts, c'est qu'en plus du fait que les fellahs utilisent des pesticides dont les restes se déversent dans la Seybouse suite aux averses, ces derniers utilisent cette même eau pour l'irrigation des cultures. Les produits agricoles représentent donc un danger pour la santé des consommateurs.Dernièrement une autre action - d'envergure celle-là - a été menée sur le terrain par l'ANPEP avec la collaboration des bureaux de Constantine, Skikda, Batna, Oum El Bouaghi, Annaba, Souk-Ahras, El Tarf et la cellule environnement de la Gendarmerie nationale pour se rapprocher encore plus des citoyens et des entreprises pollueuses toujours avec le même objectif, celui de préserver l'environnement. Ce qui est inadmissible, c'est que de grosses entreprises continuent à polluer l'environnement, particulièrement la Seybouse, en y déversant leurs déchets (des métaux lourds), des pollueurs non payeurs, sans que les pouvoirs publics réagissent, pourtant la loi est claire sur ce point précis.