Des généraux dissidents ont accusé hier le président yéménite contesté Ali Abdallah Saleh d'avoir livré une province du sud aux «terroristes», après la prise de contrôle par des éléments présumés d'Al-Qaïda de la ville de Zinjibar, principale ville de la province sudiste d'Abyane, à l'issue de combats avec les forces gouvernementales ayant fait 18 morts, selon un responsable yéménite. Dans un communiqué, ces officiers dissidents dont le général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié à la contestation en mars, ont accusé le chef de l'Etat d'avoir «livré la province d'Abyane aux groupes terroristes armés» et appelé l'armée à «leur livrer bataille». Ils ont accusé M. Saleh de vouloir «scinder l'armée yéménite» et appelé les unités encore fidèles au chef de l'Etat à rallier la contestation.Hier A Zinjibar, cinq civils ont été tués lors de combats entre l'armée et les combattants présumés d'Al-Qaïda.Un responsable local de cette ville qui a requis l'anonymat a affirmé que «des hommes armés contrôlent la ville après avoir occupé toutes les administrations». Selon lui, plus de 200 hommes armés ont envahi la ville vendredi dernier et se sont affrontés aux forces gouvernementales. «Il ne reste plus qu'une brigade mécanisée encerclée», a-t-il ajouté. Les habitants ont indiqué avoir retrouvé les corps de dix soldats ayant été tués lors des affrontements. «Les hommes armés ont achevé des soldats qui s'étaient rendus, nous ont empêchés d'enterrer les militaires morts, et leurs corps sont restés au soleil», a affirmé l'un des habitants. A Sanaa, la tension reste vive en dépit de la consolidation d'une trêve entre les forces de l'ordre et les hommes armés du puissant chef tribal des Hached, «cheikh Sadek al-Ahmar», qui se sont affrontés au début de la semaine. Hier donc, un accord a été conclu entre les miliciens du chef tribal, El-Ahmar, et les forces gouvernementales sur le prolongement de la trêve. Dans une déclaration à la presse, Tarek El-Chami, président du centre de presse du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), a souligné que «l'accord sur le prolongement de la trêve stipule que les miliciens de Hached doivent respecter la trêve et se retirer des édifices gouvernementaux pour les remettre à l'Etat». Il a ajouté que les deux parties se sont également engagées à oeuvrer pour la sécurité des citoyens et au dépôt des armes. M. El-Chami a indiqué que «les autorités yéménites ne veulent pas que de nouveaux conflits gangrènent le pays, et c'est ce que les miliciens de la tribu Hached doivent comprendre et prendre au sérieux pour la sécurité du pays et du peuple yéménite». «Nous ne voulons pas d'affrontements à Sanaa, mais Ali Abdallah Saleh a voulu provoquer une guerre civile, il a attaqué nos maisons et nous nous sommes défendus», a répliqué cheikh Hachem al-Ahmar, frère de cheikh Sadek. En application du prolongement de la trêve, les hommes de l'influent chef de la tribu Hached ont commencé à évacuer hier matin des bâtiments officiels à Sanaa dont ils avaient pris le contrôle lors de combats avec les forces fidèles au régime.Il est à rappeler que de lundi à jeudi dernier de violents combats ont opposé les hommes de la tribu Hached aux forces fidèles au chef de l'Etat, faisant au moins 68 morts. Les hostilités ont éclaté après le refus du chef de l'Etat de signer un plan des pays du Golfe prévoyant son départ après 33 ans au pouvoir.Une médiation tribale avait alors mené des contacts avec les deux parties en conflit, qui ont donné leur accord au prolongement de la trêve et au retrait des partisans de cheikh Ahmar des bâtiments publics. H.Y./agences