L'Otan a recouru hier pour la première fois à des hélicoptères de combat en Libye, frappant des véhicules militaires, des équipements et des forces de l'armée du colonel Mouammar Kadhafi.Les hélicoptères «Apache» britanniques ont participé à ces attaques aériennes de même que les «Tigre» et «Gazelle» de l'armée française. «Nous continuerons à utiliser ces moyens quand et où ce sera nécessaire,avec la même précision comme nous le faisons dans toutes nos missions», a indiqué l'officier qui commande l'opération Protecteur Unifié. Et si pour la Grande-Bretagne, l'intervention des hélicoptères est un «développement logique» comme l'a déclaré le ministre britannique de la Défense, Liam Fox qui a souligné qu'il ne s'agissait nullement d'un «Plan B», la Russie considère que l'Otan «dérape vers une intervention terrestre». Le ministre russe des Affaires étrangères a précisé «nous avons donné notre vision des actions de l'Otan. Nous considérons que ce qui se déroule, consciemment ou inconsciemment, dérape vers une opération terrestre» ajoutant «nous pensons que nos partenaires occidentaux comprennent que les événements en Libye prennent un tour indésirable, mais que les décisions prises se poursuivent par inertie».Traditionnellement opposée à toute ingérence, la Russie, historiquement proche alliée de la Libye, avait finalement, rappelons-le, réclamé ouvertement le départ du colonel Kadhafi, à l'issue du G8 la semaine dernière. Elle avait aussi proposé sa médiation. L'envoyé spécial du président russe, Dmitri Medvedev est attendu d'ailleurs dès demain en Libye, où il doit rencontrer les parties en conflit juste après la visite effectuée par le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, hier à Benghazi. Aux Etats-Unis, le congrès exhorte Obama à s'expliquer sur les opérations militaires en cours. Sur le plan diplomatique, les rebelles libyens ont enregistré un nouveau succès avec la rencontre entre le président du CNT et l'ambassadeur de Chine à Doha. Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU avec droit de veto, la Chine s'était abstenue lors du vote en mars ouvrant la voie à des frappes aériennes contre la Libye et a depuis appelé maintes fois à un cessez-le-feu. Sur le terrain, le conflit armé se poursuit. Le CNT continue d'appeler au départ de Khadafi et de sa famille,ce dernier résiste et refuse de quitter la Libye,et L'OTAN poursuit ses bombardements. Au bilan des combats s'ajoute la catastrophe humanitaire, avec encore quelques 200 migrants africains et asiatiques morts noyés jeudi dernier en mer, alors qu'ils tentaient de gagner l'Italie. Près de 600 migrants ont pu être secourus du bateau de pêche en perdition et 400 d'entre eux devaient être transférés dans un camp de réfugiés, selon l'Organisation internationale des migrations. Les Nations unies ont indiqué par ailleurs qu'au moins 49 000 personnes en Libye ont besoin d'une assistance d'urgence. Selon la porte-parole de l'ONU, Vannina Maestracci, qui cite un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), parmi les régions libyennes ayant besoin d'assistance humanitaire «les montagnes Nafusa dans l'ouest du pays, en raison de la situation de sécurité dans cette région». La porte-parole de l'ONU a fait savoir, en outre, qu'une mission est arrivée dans la ville de Misrata plus tôt cette semaine, pour évaluer les besoins humanitaires dans cette ville, théâtre de nombreux affrontements. H. Y./agences