De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati A quelque chose malheur est bon, dit-on quand un désagrément engendre une chose positive et inattendue. Mais ce dicton ne semble pas s'appliquer à la ville de Tizi Ouzou qui vit ces derniers jours l'opposé même de ce qu'il énonce. En effet, la satisfaction de la population à l'issue de l'opération ayant ciblé les centaines de trabendistes qui avaient squatté les trottoirs de la ville pour en faire un marché gigantesque, avec tout ce que cela engendrait comme absence d'hygiène, désagréments et pertes sèches pour les commerçants exerçant dans la légalité, n'a pas duré très longtemps. Certains commerçants, avides de gain facile et qui, hier encore, se plaignaient de la concurrence déloyale des vendeurs à la sauvette dont les prix sont plus abordables, n'ont, en effet, pas hésité à revoir leurs prix à la hausse, au grand dam des petites bourses de la région.Avec la suppression des marchés des fruits et légumes qui pullulaient dans différents quartiers de la ville des Genêts, les prix affichés chez les commerçants de la ville et de sa périphérie ont connu une hausse insoutenable pour les nombreuses familles modestes de la région. C'est ainsi que des produits comme la carotte, proposée il n'y a pas si longtemps aux alentours de 25 DA, ont connu une flambée vertigineuse, atteignant les 100 DA/kg, avant de redescendre, quelques jours à peine plus tard, à 60 DA. De son côté, la pomme de terre, qui est proposée sur les routes à un prix de gros de 25 DA/kg, se retrouve sur les étals des commerces à 40 ou 45 DA/kg, soit un bénéfice d'au moins 60%. Les commerçants interrogés sur la question renvoient tous la balle aux grossistes. Pour eux, si le prix du détail a augmenté, c'est parce qu'ils achètent leur marchandise plus cher, non sans nier le rapport de cause à effet entre l'opération contre le commerce informel et cette hausse des prix. Même le commerce de l'habillement n'est pas resté «insensible» à l'opération policière qui a éliminé des «concurrents déloyaux» des trottoirs de la ville des Genêts, les prix de certains articles étant passés du simple au double sans aucune explication. Mais pour les consommateurs, notamment ceux ayant déjà des difficultés à subvenir aux besoins de leurs familles respectives, il ne s'agit pas de savoir qui est responsable de ces augmentations inacceptables et, à la limite, criminelles. Il s'agit plutôt de savoir s'il y a une autorité censée protéger le consommateur contre «ces délinquants économiques prêts à tout pour faire fortune rapidement, y compris en saignant une population entière». Si la relation entre l'opération contre les trabendistes et cette hausse des prix s'avère réelle, les pouvoirs publics n'auraient-ils pas un rôle à jouer dans la protection du citoyen ? Dans le cas contraire, l'opération policière aurait dû être accompagnée par d'autres mesures, comme la création de deux ou trois marchés hebdomadaires dans certains quartiers de la ville, pour éviter ce sentiment d'abandon qui a envahi le citoyen qui a «crié victoire un peu trop tôt à l'issue de cette campagne contre le commerce informel».