Photo : S. Zoheïr Par Melissa Roumadi La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et le groupe énergétique espagnol Gas Natural Fenosa ont décidé de mettre fin à près de 5 années de conflit à la faveur de la signature mardi, dernier à Alger, de plusieurs accords permettant aux «deux entreprises d'analyser les différents partenariats qui pourraient être développés dans différents domaines». Les désaccords laissent ainsi place à un rapprochement «stratégique», selon les propos mêmes de Noureddine Cherouati, P-DG de la Sonatrach.Selon les termes des accords cadres «Sonatrach et Gas Natural Fenosa ont convenu de régler tous les différents relatifs aux contrats de vente de gaz existant entre les deux sociétés». Il est utile de rappeler dans ce cadre que la compagnie espagnole contestait les hausses de tarifs appliquées depuis 2007 par Sonatrach, sur le gaz naturel transitant à travers le gazoduc Maghreb-Europe. Il est vrai qu'après le bouleversement du marché pétrolier vers 2004-2005, période durant laquelle les prix du pétrole avaient doublé, la Sonatrach, se basant sur certaines dispositions du contrat, avait demandé à augmenter de 20% le prix du gaz. Gas Natural a estimé en novembre qu'il allait devoir payer rétroactivement 1,97 milliard de dollars à Sonatrach après l'arbitrage rendu en août 2010 en faveur de cette dernière. Après moult contestations, la compagnie espagnole, déboutée à chaque reprise, a entrepris une démarche de règlement du conflit à l'amiable. Et ce à travers une coopération «dans le développement futur de projets énergétiques», tournant ainsi la page du malencontreux épisode Gassi Touil qui a poussé Sonatrach à résilier un contrat conclu en 2004 avec les entreprises espagnoles Gas Natural et Repsol pour manquement à leurs obligations contractuelles. Ainsi, la nouvelle entente ouvre la voie à la Sonatrach pour une prise de participation «minoritaire et symbolique» dans le capital de Gas Natural Fenosa et la possibilité pour cette dernière de prendre des participations dans des projets de la compagnie nationale des hydrocarbures mais aussi de développer d'autres projets en partenariat. Cet accord constitue, selon les deux parties, «un jalon important pour le démarrage d'une nouvelle relation stratégique». Il faut dire que l'année 2011 annonce un important mouvement de fusions et de concentrations dans le secteur énergétique européen. Selon la banque d'affaires Dexia, «les actions européennes du secteur de l'énergie bénéficieront de la prochaine vague de consolidation du secteur de l'énergie, dans la mesure où les grandes compagnies pétrolières se lanceront dans des rachats afin de remplacer leurs réserves en voie d'épuisement». La Sonatrach qui a des velléités de pénétration du marché européen, ne veut plus se contenter de la position de simple fournisseur et ambitionne de jouer un rôle clé en aval et devra donc faire face à cette vague de concentrations. L'accès de Sonatrach au marché européen, notamment espagnol, est stratégique, particulièrement pour faire face à la concurrence russe et qatarie. C'est ainsi que grâce au Medgaz, la compagnie, présente en Espagne à travers le Tarragone pour la construction et l'exploitation d'une usine de production de propylène, peut s'attribuer la distribution d'une partie du gaz transitant par le nouveau pipe directement sur le marché espagnole. Cette nouvelle alliance avec Gas Natural pourra lui ouvrir des portes d'entrée sur le marché européen du gaz.