Chassé par la Reconquista espagnole, Abou Abdallah Echoudy, ancien cadi de Séville, arrive à Tlemcen, en 1266, en haillons. Abandonnant définitivement son rang de dignitaire et distribuant tous ses propres biens aux pauvres, cet auguste homme change radicalement de vie, basculant dans la précarité absolue. Plus tard, il devint marchand de bonbons, d'où le gentil surnom de Haloui, dérivé de haloua, qui veut dire bonbon. Un jour, le prince Abou Zeïyan Mohamed entendit parler des qualités et vertus du pieux Abou Abdallah Echoudy et s'empressa de l'engager comme percepteur auprès de ses fils. Jaloux d'une telle prompte promotion sociale, le vizir l'accuse de sorcellerie et ordonne aussitôt qu'on lui tranche la tête. Le corps de Haloui est ensuite donné en pâture aux chiens. Bouleversé par cette fin tragique, le prince Abou Zeïyan Mohamed fit ériger en hommage au saint homme un culminant mausolée pour y enterrer ses restes. Puis, le Sultan mérinide Abou Ibn Farès, ordonna, en 1354, la construction d'une mosquée à la mémoire du défunt confiseur érudit. Quant au vizir calomniateur, il fut simplement enterré vivant, en 1357, dans un bloc de pisé, une sorte de vulgaire torchis. Ainsi, Sidi El Haloui, Abou Abdallah Echoudy, aura inspiré bon nombre de compositeurs de la chanson andalouse à Tlemcen, dont celles écrites par cheikh Ibn M'saïb. NADIA AREZKI [email protected]