Constantine n'attire pas trop de monde, en été comme durant le reste de l'année. Et si on voit de temps en temps des touristes, c'est souvent pour un furtif passage. Ils transitent seulement par la ville des ponts. Les quelques hôtels qui pourraient recevoir des visiteurs et les sites censés les attirer attendent encore les réaménagements et la réhabilitation nécessaires. Certes, c'est un travail de longue haleine qui doit se faire en amont pour ne pas tomber dans le bricolage qui a prévalu jusque-là, mais, en parallèle, la notion du tourisme doit aussi être adoptée. Il faut dire que cette promotion de la ville et du tourisme ne concerne pas seulement la cité millénaire, mais aussi les autres wilayas du pays, surtout celles des régions enclavées qui vivent en autarcie, coupées non seulement du monde, mais aussi du reste de l'Algérie. Les quelques villes qui ont la chance de posséder des infrastructures d'accueil ne sont pas mieux loties. La majorité des hôtels et autres complexes bâtent de l'aile. Certains parviennent tout juste à équilibrer leurs budgets, et, souvent, la qualité des prestations dans ces infrastructures laisse à désirer. De nombreux citoyens qui y ont séjourné ne manquent pas de critiquer l'accueil, le service, la prise en charge, la nourriture… surtout en période de forte affluence. Pourtant, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour être un pays touristique, tout au long de l'année. Que de splendides paysages à découvrir, en été comme en hiver. Et puisque la saison estivale 2011 est là, il y a lieu de faire une halte pour détailler les mesures d'accompagnement et les programmes mis en place pour «rentabiliser» cette période estivale, surtout en ce qui concerne les capacités d'accueil et le personnel. Un secteur stratégique en quête de développement Depuis des années déjà, le ministère du Tourisme tente vaille que vaille de booster le secteur en vue de promouvoir la destination Algérie. Mais entre les intentions et la concrétisation, il y a la réalité qui n'illustre pas toujours, pour ne pas dire aucunement, les discours. Aussi l'implication réelle et active des offices, agences de voyages, collectivités locales et autres acteurs du secteur, concernés s'impose-t-elle comme une nécessité impérieuse et incontournable. Et l'absence de cette implication ne peut qu'ouvrir la voie au bricolage et à l'improvisation qui ne peuvent que tuer le tourisme. Il est des villes qui souffrent de l'enclavement. Certaines parmi elles sont pourtant situées dans des régions touristiques par excellence. Mais faute de promotion et de mise à niveau, le potentiel économique pouvant être généré par le secteur touristique périclite et le tourisme se meurt. Des kilomètres de littoral sont sous-exploités à cause de l'absence d'infrastructures hôtelières dignes de ce nom, aptes à attirer les estivants. Une disparité flagrante règne en la matière. Jijel et Skikda, pour ne citer que ces deux villes côtières situées à l'est du pays, souffrent de ces lacunes et manques au point de devoir «renvoyer» des vacanciers faute de capacités d'accueil répondant à la demande. Les rares structures qui s'y trouvent ne parviennent pas à contenir le rush des aoûtiens. C'est la raison principale pour laquelle les Algériens qui peuvent se permettre des vacances préfèrent aller ailleurs, dans d'autres pays, dont nos voisins la Tunisie et le Maroc. D'autres préfèrent louer des maisons ou des appartements en bord de mer. Mais ces deux options ne sont pas à la portée de tous. De plus, le climat social tendu n'encourage nullement le voyage et les sorties. La révolte en Tunisie, les manifestations au Maroc, l'ambiance minée en Egypte, la situation en Grèce et les grèves en Algérie ne sont pas faits pour attirer les touristes, bien au contraire. «Pour cette année l'étau se resserre. D'une part, le mois de Ramadhan est pour début août et de l'autre l'option Tunisie est hypothéquée en raison de la situation y prévalant», dira un Constantinois. «Je vais opter pour la solution locale, même si cela devra me coûter les yeux de la tête. Mais faudra-t-il encore trouver un endroit où les commodités d'hébergement sont disponibles», ajoutera-t-il. Un produit touristique difficile à vendre A quelques nuances près, c'est la même réflexion que nous entendrons chez tous les citoyens interrogés. Le séjour touristique est un produit qui se vend plutôt mal cet été, notamment à Constantine où, d'ailleurs, c'est généralement au printemps que la ville accueille des visiteurs qui viennent à la découverte de ses sites. Toutefois, un grand retard infrastructurel pénalise la ville depuis des années. Deux nouveaux hôtels, Novotel et Ibis, seront bientôt ouverts et couvriront une partie de la demande en attendant la concrétisation de deux autres projets d'hôtels 5 étoiles, selon les affirmations des autorités locales. Tournant avec deux grands hôtels datant de l'époque coloniale, Constantine est la métropole la plus mal nantie en infrastructures hôtelières de haut standing. Sur un autre chapitre, il est important de souligner la faible affluence touristique dans cette wilaya qui, pourtant, ne manque pas de vestiges patrimoniaux et de sites historiques qui devraient attirer les touristes et intéresser les voyagistes. A ce titre, les agences des voyages ont un rôle fort important à jouer pour promouvoir ce produit touristique et le proposer aussi bien aux Algériens qu'aux étrangers. Avec le concours de la direction du tourisme, ces opérateurs peuvent contribuer grandement au développement du tourisme en Algérie et à l'essor du secteur. Néanmoins, il ne suffit pas de le dire. Les infrastructures, qui sont le talon d'Achille du tourisme, sont un véritable défi qu'il faut relever. D'ailleurs, les opérateurs évoquent souvent cette problématique d'hébergement et de commodités d'accueil. Mais ils ne devraient pas s'arrêter là, car il est attendu des professionnels de s'impliquer, de faire des propositions et de donner, pour le moins, des éclairages qui aideraient à relancer le tourisme. Sinon, ce sera toujours Istanbul, Madrid ou d'autres destinations qui resteront gravées dans la tête des citoyens, notamment les jeunes célibataires, qui ne veulent pas gâcher leurs vacances dans de prétendus hauts standings locaux où le service ne soutiendrait même pas la concurrence d'une auberge ou d'un relais routier. La valorisation des atouts touristiques nationaux et l'amélioration des conditions et moyens d'accueil doivent marcher de paire si on entend donner à la destination Algérie sa véritable place sur le marché touristique autant national qu'international. N. H.