Synthèse de Smaïl Boughazi Après une tumultueuse période qui aura duré plusieurs jours, les places boursières du monde semblent être gagnées par une euphorie générale après l'annonce de plusieurs mesures d'assainissement. D'ailleurs, ces différentes mesures ont provoqué une remontée des prix du pétrole passant au-dessus de 100 dollars hier. A Londres, le baril de brent (livraison en novembre) s'échangeait à 97,40 dollars, en hausse de 2,21 dollars par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (livraison en octobre) valait 100,37 dollars, soit 2,49 dollars de plus. Néanmoins, pour revenir à cette crise, les organismes financiers de par le monde sont sur le qui-vive. En voyant des banques s'effondrer comme des châteaux de cartes, d'autres attendent l'heure de vérité. Mercredi dernier, les marchés boursiers du monde entier ont essuyé de nouveau de sévères pertes, inquiets des menaces pesant sur la planète financière qui va de bouleversement en bouleversement. Après plusieurs jours d'efforts frénétiques des autorités bancaires, les brèches du système financier international continuaient à s'élargir, avec l'apparition de nouveaux noms sur la liste des établissements condamnés d'avance par les marchés. Quelques heures après la décision historique et incroyable des autorités américaines de nationaliser l'assureur AIG, et l'annonce que la banque britannique Barclays achetait pour une bouchée de pain les meilleurs actifs de Lehman Brothers, la britannique HBOS a dû accepter son rachat en urgence. L'avalanche de nouvelles mettait les marchés boursiers sur les nerfs, en dépit du déversement de liquidités par les banques centrales. Le dernier rebondissement de la crise financière qui secoue l'économie mondiale est l'annonce par l'administration Bush d'un plan pour reprendre les actifs douteux des banques. Le Trésor américain a annoncé, en effet, hier qu'il allait garantir les actifs des fonds monétaires jusqu'à 50 milliards de dollars, afin d'en assurer la solvabilité et de maintenir la confiance dans ces produits financiers, normalement considérés comme très sûrs. «Maintenir la confiance dans le secteur des fonds monétaires est essentiel pour protéger l'intégrité et la stabilité du système financier mondial», a souligné le département du Trésor dans un communiqué. Aura-t-il l'effet attendu ? Attendons… Les Européens, de leur côté, s'estiment confortés par la crise financière mondiale dans leur volonté de renforcer rapidement la surveillance des marchés financiers, face à des Etats-Unis coupables à leurs yeux d'avoir trop longtemps refusé d'intervenir au nom du libéralisme. Cette vision des Européens pourrait être concrétisée par la mise en place d'un dispositif pour se prémunir des crises financières. Aux yeux de la France, pays qui a fait cette proposition, la crise qui ébranle la finance mondiale «montre les limites de l'idéologie financière libérale et la nécessité d'un interventionnisme pragmatique». La Russie n'était pas en reste. L'Agence fédérale russe de régulation des marchés financiers a pris une décision exceptionnelle : arrêter purement et simplement les échanges et convoquer une réunion de crise entre responsables concernés. La tempête qui s'est propagée sur l'ensemble du monde entier a épargné pour le moment l'Afrique et le monde arabe, selon les observateurs. Pour l'Afrique, l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, a estimé jeudi dernier que l'économie africaine est à l'abri de la crise financière qui secoue le monde. «La situation de l'Afrique par rapport à l'économie globale, qui est une situation relativement marginale, la protège en quelque sorte parce que c'est dans la partie la plus intégrée du système financier mondial, avec comme centre les Etats-Unis, que les répercussions vont être les plus fortes», a expliqué M. Védrine lors de la conférence. Le ministre a également affirmé qu'«il peut y avoir des secousses dans les systèmes financiers […], donc à un moment donné, il peut y avoir des ralentissements parce que les banques n'ont plus les moyens de prêter assez parce qu'elles se méfient les unes des autres, mais ça finira par être surmonté».