Photo : M. Hacène Par Fodhil Belloul Les organisateurs de la 4e édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse ont affiché, avant le début de la manifestation, de sérieuses ambitions pour délocaliser le festival. Ainsi, à Alger, la place El Ketani de Bab El Oued accueille, tout au long de l'événement, des ateliers de création et de lecture de contes pour enfants. Force est de constater que si les ateliers sont bien mis en place, l'espace consacré à ces derniers reste largement insuffisant. En effet, en arrivant à ladite place, nous avons constaté que seule la partie basse jouxtant le boulevard Mira accueille deux chapiteaux, pendant que la grande partie reste vide ou consacrée à des matchs de foot pour les jeunes du quartier. Les ateliers à proprement parler sont au nombre de trois : un monde en couleur, un monde de jeux avec une sorte de jeu d'échecs grand format et enfin un monde de contes. Ce dernier, tout comme à Riadh El Feth, est celui qui suscite le plus d'adhésion. Même les parents et les grands-parents accompagnant leurs enfants semblaient pris dans la magie de la narration, dans un arabe dialectal savoureux rappelant sans doute les veillées de leur propre enfance. Un citoyen accompagné de ses deux filles nous confie s'être arrêté par curiosité ; il rentrait de la plage. Il dit avoir apprécié le conte qu'il venait d'entendre ; même les deux petites, bien que timides, sont du même avis. «Il est dommage qu'il y ait si peu d'espace pour cette manifestation. Nous sommes dans un quartier populaire et nous aimerions tous que nos enfants en profitent», nous dit-il. Une question se pose alors : pourquoi ne pas profiter de la présence du Feliv dans ce quartier pour en faire une véritable manifestation d'envergure, au moins aussi importante qu'à l'esplanade de Riadh El Feth, une occasion d'engendrer une véritable dynamique de socialisation du livre ? S'agit-il d'un problème d'autorisation ou d'une «délocalisation» de façade ? Surtout que la demande est là et que les citoyens n'attendent pas d'avoir plus d'espace pour y amener leurs enfants. Nous avons aussi profité de cette 5e journée pour aller à la rencontre de Mme Damia Boudjakdji, directrice de la maison d'édition Rive Sud spécialisée dans la littérature jeunesse depuis 2007. Le stand qu'elle occupe, bien que modeste, attire tout de suite le visiteur. Des ouvrages de qualité, dont elle nous confie avoir signé un bon nombre. Tous les livres sont bilingues et s'adressent à un large public. Des plus petits avec la collection «Chadi Madi», qui avait obtenu le prix du meilleur magazine pour enfants lors du dernier festival de la bande dessinée d'Alger, aux adolescents avec une nouvelle collection sur l'histoire de l'Algérie, de la préhistoire en passant par l'Antiquité, une collection qui connaît un franc succès selon l'éditrice. S'agissant de ses impressions sur le Feliv, Mme Boudjakdji estime que c'est «surtout l'occasion d'échanger avec les gens, de connaître leur avis et leurs attentes, même s'ils n'achètent pas». Et quand on lui pose la question de ce qu'il faudrait faire pour attirer plus de gens vers la lecture, Mme Boudjakdji est catégorique : «Il n'y a que la qualité qui peut sérieusement pousser les jeunes à lire. Il faut leur proposer des ouvrages plus ludiques ; il faut surtout sortir du parascolaire en proposant autre chose.» Mme Boudjakdji regrette, cependant, que les bibliothèques scolaires ne s'ouvrent pas aux petites maisons d'édition, estimant que l'hégémonie des éditions plus importantes, celles étatiques notamment, ne sert pas les lecteurs : «Bien sûr, un contrôle est nécessaire et nous sommes prêts à nous y soumettre.» Elle nous confie avoir déjà tenté de se rapprocher des institutions scolaires, sans succès, à cause de la lenteur des démarches administratives.